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Attentat en Italie : « pas nécessairement un acte terroriste »

« L’hypothèse la plus probable est celle d’un acte individuel et isolé », a indiqué ce dimanche le procureur Marco Di Napoli en charge de l’enquête à Brindisi (sud de l’Italie) sur l’attentat à la bonbonne de gaz devant un lycée qui a tué une élève samedi.

« Il n’est pas impossible que ce soit le geste d’une seule personne », a déclaré le procureur lors d’une conférence de presse, en soulignant que « les motivations de cette tragédie peuvent être de plusieurs types ». Toutefois, a-t-il ajouté : « nous sommes encore loin de la vérité après seulement 24 heures » sans « aucune revendication ».

« Ce pourrait être un geste isolé, pas nécessairement un acte terroriste », a encore déclaré M. Di Napoli. « Ce pourrait être le geste d’une personne en guerre avec le reste du monde ou qui a des problèmes psychologiques », a-t-il dit.

M. Di Napoli a indiqué que « toutes les possibilités restaient ouvertes » mais les enquêteurs « jugent improbable la piste mafieuse ». « On ne peut rien exclure mais le plus probable c’est que ce soit un acte isolé », a-t-il dit.

Aucune personne n’a été inculpée pour le moment, a indiqué le procureur en soulignant que « les caractéristiques (de l’auteur) ne correspondent pas à celles d’un étranger ». Selon le procureur, les enquêteurs disposent d’un portrait-robot de l’auteur qui serait un homme adulte, encore non identifié.

Le procureur a confirmé disposer d’images enregistrées par les caméras de surveillance qui sont « significatives » et montre « un engin activé à distance avec un système qui permet à l’opérateur de voir le lieu ».

Le ou les auteurs de l’attentat « connaissaient le contexte du lycée et avaient calculé l’heure pour frapper », a-t-il précisé, en soulignant aussi qu’ils « sont experts en électronique ». Selon le magistrat, « il y avait la volonté de provoquer un massacre », ce qui justifie que l’enquête soit ouverte sous ce motif.

Deux suspects interrogés

Deux personnes ont été interrogées par la police de Brindisi (sud-est de l’Italie), a indiqué dimanche le site internet du Corriere della Sera. « La piste suivie par la police est celle de l’action terroriste », a indiqué le journal italien en reprenant des informations du site local d’information www.Brindisireport.it. Selon Brindisireport, ces personnes auraient été « identifiées grâce à des enregistrements de caméras de surveillance » à proximité du lycée.

Une bombe de fabrication artisanale a explosé vers 7H45 (5h45 GMT) alors que les élèves arrivaient pour les cours du samedi matin, au lycée professionnel Morvillo-Falcone, du nom du magistrat sicilien Giovanni Falcone et de son épouse Francesca Morvillo, tués dans un attentat mafieux en 1992.

Retour aux années de plomb ?

Selon les informations de Brindisireport dont le site n’était plus accessible dimanche matin, l’un des suspects est un ex-militaire de carrière avec des connaissances en électronique et aurait des proches qui vendent des bonbonnes de gaz à usage domestique. La police a perquisitionné les domiciles des suspects.

L’attentat inédit en Italie pour la cible choisie -une école- et non revendiqué a provoqué une onde de choc dans tout le pays. Des manifestations ont eu lieu notamment à Rome, Naples, Milan ou Bologne.

Les manifestants ont exprimé la crainte d’une nouvelle vague d’attentats comme ceux de 1992 et 1993 qui avaient visé les juges anti-mafia Falcone et Borsellino et des bâtiments publics.

Mais beaucoup redoutent aussi un retour aux années de plomb du terrorisme quand les opérations des Brigades rouges et du « terrorisme noir » néo-fasciste firent 415 morts dans 15 000 attentats entre 1969 et 1988.

Le 7 mai, Roberto Adinolfi, patron d’Ansaldo Nucleare, une filiale du groupe Finmeccanica, avait été blessé aux jambes en plein centre de Gênes (nord-ouest) par des tirs, une agression revendiquée deux jours plus tard par une cellule du groupuscule anarchiste FAI (Fédération anarchiste informelle) qui a annoncé avoir sept autres cibles.

L’Italie vit une situation particulière, qualifiée par certains de « vide politique » avec un gouvernement technique dirigé par l’ex-commissaire européen Mario Monti, alors que le pays est plongé dans une récession qui a provoqué un profond malaise social.

Levif.be, avec Lexpress.fr et Belga

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