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Assister à son propre enterrement pour mieux accepter la mort

Stagiaire Le Vif

Les faux enterrements sont monnaie courante dans le monde anglo-saxon, au Japon et en Corée du Sud. Participer à ses propres funérailles permettrait d’accepter l’idée de la mort et de vivre le reste de sa vie avec plus de sérénité.

Les faux enterrements sont de plus en plus courants dans le monde anglo-saxon, au Japon et en Corée du Sud. Bien que la mise en pratique soit différente selon le côté du globe, chaque participant est unanime : les jours à venir sont mieux appréhendés et la mort paraît moins effrayante.

Dans le monde anglo-saxon

En Grande-Bretagne et aux États-Unis, de plus en plus de personnes organisent des enterrements de leur vivant. Trois personnes ayant fait cette expérience témoignent dans un article de la BBC.

Georgia Martin est une organisatrice d' »enterrements avant la mort » en Grande-Bretagne. Cette idée lui est venue lors de l’enterrement de son grand-père, lorsqu’elle a vu tous ses vieux amis réunis. Elle s’est dit qu’il aurait été très content de les revoir une dernière fois. La première année, elle a organisé six faux enterrements, tous différents. Selon elle, cette cérémonie aide le « mourant » et sa famille à accepter l’idée de la mort et de mieux appréhender le deuil à venir.

Certains mettent sur pieds de faux enterrements pour un proche car ils veulent se sentir utiles. Tom Honeywell, un jeune anglais de 24 ans, a aidé son grand-père en phase terminale à organiser une dernière célébration avec ses amis. Ce faux enterrement s’est déroulé dans une ambiance festive, mais également très intense. Tous avaient l’occasion de rendre un dernier hommage à leur ami mais pour certains, c’était très douloureux car l’idée de la mort devenait réelle.

Aux États-Unis, Michael Hebb a fondé l’association Death over Dinner qui organise des diners où les participants débattent sur la mort. Pour son 40e anniversaire, Hebb a célébré son propre enterrement. Il s’est habillé en blanc et s’est placé dans un cercueil pendant trois heures. Des porteurs l’ont emmené dans une pièce éclairée par une seule bougie. Bien que tout le monde fût au courant que ce n’était pas réel, certains n’ont pas pu s’empêcher de pleurer en voyant Michael Hebb immobile dans son cercueil. La jeune fille du « défunt » a même prononcé un éloge funèbre tellement émouvant que toute l’assistance en a pleuré. L’homme raconte avoir toujours eu des difficultés à exprimer ses émotions et qu’il vivait souvent dans la solitude. Mais après cette expérience, il sent qu’il a obtenu une seconde chance d’améliorer ses relations et réparer ses erreurs du passé.

Dans la culture japonaise et coréenne

Au Japon et en Corée du Sud, mettre en scène sa propre mort est une pratique individuelle. L’objectif est de pouvoir ensuite mieux apprécier la vie. Ce n’est pas une expérience religieuse, il n’y a aucun côté mystique.

Ce genre d’atelier naît dans les années 1990. Au départ prévue pour les personnes âgées et les mourants, la pratique séduit bien vite toute la population.

Ces séances se déroulent en petit groupe. La première étape consiste à répondre à des questions très personnelles sur sa vie : quels ont été les moments forts ? Quelles ont été les épreuves les plus dures ? Quelles personnes ont été les plus influentes ? Après avoir fait cela, chaque participant doit écrire une lettre d’adieu à ses proches. Ensuite, le groupe entre dans une pièce où sont disposés plusieurs cercueils. Chacun lit son testament puis s’y installe pour réfléchir pendant une dizaine de minutes. L’enfermement prend fin lorsque l’organisateur dit : « Le moment est venu de renaître ! » Après avoir retrouvé leurs esprits, les « revenants » s’installent autour d’une table et chacun fait le bilan de son expérience.

La pratique peut nous sembler farfelue mais c’est avant tout une thérapie. Ces pays reconnaissent à peine la dépression et le burn-out, aller consulter un psychologue ne fait pas partie des moeurs locales. Ces ateliers apportent à ceux qui en ont besoin un moyen de méditer, de faire le point et de se recentrer sur soi-même.

Loreline Dubuisson

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