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Armes chimiques en Syrie: la Russie redoute des USA le même scénario qu’en Irak

Le Vif

La Russie a mis en doute vendredi les accusations des États-Unis sur le recours à l’arme chimique par le régime syrien, appelant les Américains à ne pas répéter ce qui avait mené à l’invasion de l’Irak en 2003.

La Maison Blanche a nettement durci jeudi sa position face au régime syrien en l’accusant clairement, pour la première fois, d’avoir eu recours aux armes chimiques, et notamment à du gaz sarin, dans sa guerre contre les rebelles, et en promettant une aide militaire aux insurgés.

Mais le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov a mis en doute vendredi ces affirmations et évoqué le précédent irakien. « Nous le dirons clairement: ce qui a été présenté par les Américains ne nous semble pas convaincant », a-t-il dit à des journalistes, indiquant qu’une rencontre avait eu lieu entre représentants russes et américains à ce sujet, dont les détails n’ont pas été divulgués. « Je ne voudrais pas faire de parallèle, je ne veux pas croire qu’il s’agisse d’une situation similaire (à celle de l’Irak), quand le secrétaire d’Etat Colin Powell avait brandi une fiole au Conseil de sécurité », a ajouté M. Ouchakov.

Il faisait référence à une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU en 2003, au cours de laquelle Colin Powell avait notamment montré une fiole contenant selon lui de l’anthrax, une arme biologique, pour justifier une intervention armée en Irak. Les affirmations sur les armes irakiennes de destruction massive ont été depuis battues en brèche, M. Powell a déclaré regretter son erreur et avoir été trompé.

Vendredi matin, le chef de la commission des affaires étrangères à la Douma (chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov, avait déjà accusé les États-Unis d’avoir « fabriqué » ses informations. « Obama suit la même voie que George Bush », le précédent président américain qui avait lancé l’opération militaire en Irak en 2003, avait ajouté ce membre du parti au pouvoir Russie unie.

La Russie, principal soutien du régime syrien auquel elle livre des armes, a toujours émis les plus grandes réserves quant aux accusations visant le régime.

Dans un communiqué, la diplomatie russe s’est en revanche inquiétée de l’usage de gaz sarin par les rebelles, rappelant que le 6 mai, Carla del Ponte, membre de la commission d’enquête de l’ONU sur les violations des droits de l’Homme en Syrie, avait affirmé qu’ils en avaient employé.

Le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, a par ailleurs estimé que la décision des Etats-Unis d’accroître leur aide aux rebelles syriens compliquerait les efforts pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 93.000 morts, selon un nouveau bilan de l’ONU. « Si les Américains décident vraiment et réellement de fournir une aide plus importante aux rebelles, une aide à l’opposition, cela compliquera la préparation d’une conférence internationale » pour trouver une solution politique au conflit, a souligné M. Ouchakov.

Le ministère des Affaires étrangères a été plus loin. « Nous avons peu de doutes sur le fait que la décision de fournir les groupes armés rebelles en armes et équipements militaires supplémentaires attisera la confrontation et les violences contre les civils », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Rappelant le massacre de 60 personnes, en majorité des femmes et des enfants, commis par des rebelles islamistes à Hatlah (dans la province de Deir Ezzor), le porte-parole du ministère, Alexandre Loukachevitch, a exprimé son « incompréhension face aux décisions prises ces derniers temps par certains pays pour aider l’opposition en Syrie ».

Les États-Unis n’ont toutefois pas, à ce stade, annoncé de décision d’armer les rebelles face au régime syrien, évoquant simplement une augmentation de l’aide non létale.

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