Un mannequin défilant à la Fashion Week de Sydney en 2008. © REUTERS

Anorexie: les mannequins trop maigres bientôt interdits en France?

Stagiaire Le Vif

Deux amendements pour lutter contre l’anorexie ont été déposés pour un projet de loi sur la santé. Ce projet sera discuté aujourd’hui à l’Assemblée nationale.

C’est le socialiste Olivier Véran qui est à l’origine de ces amendements. Également neurologue au CHU de Grenoble, le député veut lutter de manière plus répressive contre l’anorexie. Il estime qu’en France, « entre 30 et 40.000 personnes » souffrent d’anorexie mentale, le fait de s’auto-priver de nourriture, et que « l’impact social de cette image que véhicule la mode , où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belle et défiler, est très fort « , peut-on lire sur le site de France24. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé qu’elle soutiendrait ces amendements, car «  c’est un message important en direction des jeunes femmes, de jeunes filles qui voient en ces mannequins des modèles esthétiques« .

Interdiction de recourir aux mannequins trop maigres

Il s’agit ici d’appliquer des sanctions aux agences de mannequinats qui engagent des mannequins trop maigres. Ce n’est pas la première fois que ce genre de sujet est mis sur le tapis en France. En 2008, les agences et acteurs de la mode avaient signé une Charte d’engagement contre l’anorexie. À l’heure actuelle, aucune mesure contraignante n’a donné suite à cette charte.

Le premier amendement veut donc interdire aux agences d’employer des mannequins en état de dénutrition et de bannir l' »extrême maigreur » des modèles. Selon le député, cet état de maigreur, décrété en fonction l’indice de masse corporelle (IMC), s’évaluera sur « trois niveaux de gravité« .

Qu’est-ce que l’IMC?

L’Indice de Masse Corporelle (IMC) ou Body Mass Index (BMI) en anglais est une mesure de grandeur qui permet de déterminer la corpulence d’une personne. Il se calcule en divisant le poids de la personne divisée par sa taille élevée au carré (IMC = poids (kg) / taille² (cm)). L’IMC normal se situe entre 18.5 et 25. En dessous de ces chiffres, la personne est considérée comme trop maigre. Au-dessus, elle est en surpoids, voire en obésité si la valeur dépasse 30. Cet indicateur est une estimation et ne tient pas compte, par exemple, de l’ossature et de la masse musculaire.

Cette mesure se fera via la modification du Code de Travail. Le député propose que les agences soient dans l’obligation d’attester, via un certificat médical, que chaque mannequin a un IMC suffisant. Si l’agence ne respecte pas cette mesure, elle encourra une peine de six mois d’emprisonnement ainsi qu’une amende de 75.000 euros.

La valeur de cet IMC n’a pas encore été déterminée. « En France, on considère que l’on est maigre en dessous de 18,5 (voir encadré). L’OMS retient un indice en dessous de 18 pour commencer à parler de dénutrition. En dessous de 17, c’est une dénutrition sévère. En dessous de 16, c’est considéré comme un état de famine « , explique Olivier Véran.

Ne plus faire l’apologie de l’anorexie sur Internet

Le deuxième amendement concerne l’apologie de l’anorexie qui circule sur les sites et blogs. Cette apologie est qualifiée de « délit de valorisation de la maigreur excessive « . Cet amendement vise donc à interdire l’accès aux sites qu’on qualifie de pro-ana (pro-anorexie). Une mesure similaire d’une députée UMP devait déjà interdire les blogs de ce genre en 2008, mais n’avait pas remporté un franc succès, rapporte Nextinpact.

« Il est intolérable que l’on puisse faire l’apologie de la dénutrition et que l’on puisse exploiter commercialement des personnes qui sont dans des situations mettant en danger leur santé« , s’insurge Olivier Véran. « Ces sites expliquent aux jeunes filles de 12-13 ans qu’il faut avoir un écart de 15 centimètres entre les jambes pour être belle « , précise-t-il à l’AFP. Il fait ici référence au thigh gap, en français « écart entre les cuisses » qui est très populaire chez les stars et sur le net.

Si ces amendements sont adoptés, la France ne serait pas le premier pays à prendre des mesures contre la maigreur extrême. Le député PS s’est inspiré de lois espagnoles, italiennes, israéliennes et même belges.

Chez nous, la Fédération Wallonie-Bruxelles a, en 2013, voté une proposition de résolution pour lutter contre l’anorexie mentale. Parmi les mesures proposées à l’époque: sensibiliser les jeunes et les acteurs du monde de la mode, créer une signalétique pour les photos retouchées et mettre à jour la Charte contre l’anorexie mentale. Une proposition de loi a également été déposée en septembre dernier par le cdH pour imposer une mention « photo retouchée » sur les affiches publicitaires concernées. Hasard calendrier: c’est ces jours-ci qu’elle devrait (ou non) être adoptée…

(O.L.)

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