© AFP

Amnesty presse l’UE à agir pour les 46.000 migrants bloqués en Grèce

Amnesty International exhorte lundi les pays de l’Union européenne à « aider la Grèce à assumer la responsabilité de 46.000 personnes réfugiées et migrantes vivant dans la misère ».

L’ONG de défense des droits de l’Homme demande également à la République hellénique d’améliorer de toute urgence son système d’asile et de permettre à toute personne bloquée sur son territoire de bénéficier d’une véritable protection. « À titre de priorité, elle doit établir un mécanisme d’information systématique et l’identification des personnes ayant des besoins spécifiques ».

« À l’heure où les regards se portent sur la mise en oeuvre de l’accord récemment conclu entre l’Union européenne (UE) et la Turquie, la situation de plus de 46.000 personnes réfugiées et migrantes bloquées dans des conditions déplorables en Grèce continentale risque d’être oubliée », écrit Amnesty International dans un rapport rendu public lundi.

L’association plaide dès lors pour que les États membres de l’UE acceptent sur leur territoire des demandeurs d’asile venant de Grèce. « Cela doit passer par la relocalisation rapide d’un grand nombre de demandeurs et demandeuses d’asile, par le biais du programme de relocalisation d’urgence existant au sein de l’UE ».

Sur les 66.400 demandeurs d’asile que l’UE s’était engagée à relocaliser depuis la Grèce en septembre 2015, seuls 615 ont été transférés dans d’autres États membres, indique Amnesty qui relaye des informations rendues publiques par la Commission européenne le 12 avril.

Dans son rapport intitulé « Trapped in Greece: an avoidable refugee crisis », Amnesty examine les conditions de vie des personnes réfugiées ou migrantes bloquées en Grèce continentale depuis la fermeture complète de la frontière macédonienne le 7 mars. « Les conditions d’hébergement sont inadéquates dans un grand nombre des 31 sites provisoires. Ces sites, mis sur pied en Grèce avec l’appui considérable de l’UE, sont caractérisés par une surpopulation et une forte promiscuité, ne sont pas chauffés et ne disposent pas d’installations sanitaires en nombre suffisant », souligne l’association.

« Les conditions ici ne sont pas bonnes et nous dormons par terre; nos couvertures sont trempées d’eau. Il n’y a pas de salles de bain. Voilà pourquoi les gens tombent malades », a dit à Amnesty International une Syrienne enceinte de neuf mois, dans un camp de fortune à Idomeni. « Pourquoi ne nous laissent-ils pas partir? Ils veulent qu’on meure ici? », a par ailleurs demandé un couple de septuagénaires originaires d’Alep. « Il fait froid et nous [vivons] les uns sur les autres. »

Lors de deux missions de recherche en Grèce, entre le 8 février et le 13 mars, l’ONG de défense des droits de l’Homme a interrogé plusieurs demandeurs d’asile. Il ressort de ces entretiens que de nombreux réfugiés et migrants espèrent continuer leur périple vers l’Europe de l’Ouest pour y retrouver des membres de leur famille, mais la plupart ne dispose que de peu d’informations sur les solutions qui s’offrent à eux depuis la fermeture de la frontière macédonienne.

Amnesty estime que les États de l’UE n’ont fait qu’exacerber la crise en n’aidant pas à relocaliser les milliers de demandeurs d’asile. L’organisation appelle dès lors la classe politique européenne à l’action sans quoi « elle sera confrontée à une catastrophe humanitaire qu’elle aura contribué à déclencher. »

Contenu partenaire