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Allemagne: pourquoi Merkel a-t-elle essuyé un tel revers aux élections régionales?

C’est une Angela Merkel fragilisée que François Hollande va rencontrer mardi à Berlin. Le parti de la chancelière, la CDU, a en effet essuyé une cuisante défaite lors de l’élection, dimanche, dans le Land de Rhénanie du Nord Westphalie. Les sociaux-démocrates sont désormais en position de faire monter les enchères sur le « volet croissance » à adjoindre au pacte fiscal.

« Un désastre » selon la presse allemande: les conservateurs ont réalisé, dans le Land le plus peuplé d’Allemagne, leur pire score depuis la guerre (en perdant presque dix points par rapport au précédent scrutin) tandis que la ministre présidente sortante, Hannelore Kraft (SPD), est reconduite: elle va disposer d’une majorité confortable au parlement local pour diriger une nouvelle coalition « rouge vert ».

Autrefois « la femme la plus puissante d’Europe », Angela Merkel apparaît donc aujourd’hui, à la lecture de ces résultats, en perte de vitesse face à une opposition inscrite, elle, dans une dynamique de succès: alors qu’elle souhaitait faire ratifier avant l’été le pacte budgétaire par les deux chambres de son parlement -elle a besoin pour cela d’une majorité des deux tiers- le SPD a d’ores et déjà fait savoir qu’il voulait repousser les débats parlementaires sur la question. Et les sociaux-démocrates allemands sont désormais en position de faire monter les enchères sur le « volet croissance » à adjoindre au pacte fiscal.

« Candidate potentielle du SPD à la chancellerie »

Pour autant, le vote d’hier ne constitue pas une sanction éclatante de la politique européenne menée par la chancelière. Dans ce bastion traditionnel de la gauche allemande, grande région industrielle de l’Ouest de l’Allemagne, il ne faut pas perdre de vue les composantes régionales de cette élection: la personnalité chaleureuse et charismatique de la ministre présidente -qui figure depuis hier soir parmi les candidats potentiels du SPD à la chancellerie pour 2013- et les bourdes que le chef de file de la CDU, Norbert Röttgen, a accumulées durant la campagne expliquent pour une bonne part l’ampleur de la défaite des conservateurs. Par ailleurs, contre toute attente, les libéraux, emmenés là encore par la nouvelle star du FDP, Christian Lindner, ont réalisé un bon score, alors qu’ils défendent eux aussi la politique d’austérité budgétaire prônée par Angela Merkel. La chancelière, dont la coalition n’a pas gagné une seule région depuis les législatives de 2009, a donc perdu de sa superbe. Mais qu’on ne se méprenne pas: elle est toujours populaire en son pays.

Reste que la base de l’électorat conservateur s’effrite, et que cette élection en Rhénanie va donner une nouvelle impulsion au SPD. Même si l’on n’a pas forcément voté pour ou contre elle, Angela Merkel apparaît donc depuis hier soir nettement plus fragile et plus isolée

De notre correspondante Blandine Milcent , L’Express

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