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Affaire Khashoggi: l’Arabie saoudite annule les cinq peines capitales, une « farce » selon la fiancée du journaliste

Le Vif

Un tribunal saoudien a annulé lundi, dans un verdict final, les cinq peines capitales prononcées pour le meurtre du journaliste critique du pouvoir Jamal Khashoggi, condamnant huit des 11 accusés à des peines allant de sept à 20 ans, de prison. La fiancée turque du journaliste saoudien assassiné a qualifié lundi de « farce » le verdict final, accusant Ryad de clore ce dossier sans que l’identité de réels commanditaires du meurtre ne soit connue.

« La communauté internationale n’acceptera pas cette farce », a tweeté la fiancée, Hatice Cengiz. « Les autorités saoudiennes ont clos ce dossier sans que le monde sache la vérité sur qui est responsable du meurtre de Jamal ».

https://twitter.com/mercan_resifi/status/1302989528010051586Hatice Cengiz / خديجةhttps://twitter.com/mercan_resifi

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Ainsi a réagi Hatice Cengiz, fiancée turque du journaliste saoudien assassiné, à l’annonce du verdict final du tribunal saoudien. « Cinq prévenus ont été condamnés à 20 ans de prison et trois autres à des peines allant de 7 à 10 ans », a indiqué l’agence officielle SPA, citant les services du procureur général. Ce jugement présenté comme un verdict final a aussitôt été critiqué par la rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, qui l’a qualifié sur Twitter de « nouvel acte » dans cette « parodie de justice ».

En Arabie saoudite, il intervient après que les fils de Jamal Khashoggi ont annoncé en mai « avoir pardonné » ses tueurs. « Nous, les enfants du martyr Jamal Khashoggi, annonçons que nous pardonnons à ceux qui ont tué notre père », avait écrit le 22 mai sur Twitter Salah Khashoggi, fils aîné de l’ancien journaliste.

Par le passé, Salah Khashoggi avait assuré avoir « pleinement confiance » dans le système judiciaire saoudien.

En avril 2019, le Washington Post avait de son côté assuré que les quatre enfants du journaliste assassiné, y compris Salah, avaient reçu des maisons d’une valeur de plusieurs millions de dollars et étaient payés des milliers de dollars par mois par les autorités. La famille avait alors démenti.

Versions

Collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été assassiné et son corps découpé en morceaux en octobre 2018 dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, où il s’était rendu pour récupérer un document.

Il était alors âgé de 59 ans et ses restes n’ont jamais été retrouvés.

Ce meurtre a plongé l’Arabie saoudite dans l’une de ses pires crises diplomatiques et terni l’image du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit « MBS », désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire du meurtre.

Après avoir nié l’assassinat, puis avancé plusieurs versions, Ryad a affirmé qu’il avait été commis par des agents saoudiens qui auraient agi seuls et sans recevoir d’ordres de leurs dirigeants.

Le procureur saoudien a innocenté le prince héritier. Ce dernier a déclaré à la télévision américaine PBS qu’il acceptait la responsabilité du meurtre, parce qu’il s’est produit « sous son règne » tout en niant en avoir eu connaissance auparavant.

La CIA américaine aurait également conclu que le prince, qui contrôle tous les leviers du pouvoir, a probablement ordonné le meurtre. La justice saoudienne s’était elle-même saisie de l’affaire et, à l’issue d’un procès opaque, cinq Saoudiens avaient été condamnés à mort et trois autres à des peines de prison, sur un total de 11 personnes inculpées. Les trois autres avaient été « blanchies ».

Ce verdict prononcé en décembre dernier avait été critiqué par les organisations internationales de défense des droits humains.

Fin

Les personnes condamnées lundi n’ont pas été identifiées.

Les services du procureur général ont en revanche tenu à souligner que ce nouveau jugement mettait « fin » à l’affaire du meurtre de Jamal Khashoggi, marquant la volonté de Ryad de tourner définitivement la page.

La justice turque a pour sa part commencé début juillet à juger par contumace 20 Saoudiens, dont deux proches du prince héritier, l’ex-conseiller Saoud al-Qahtani et l’ancien numéro deux du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, identifiés comme les commanditaires du meurtre.

Le premier a fait l’objet d’une enquête en Arabie saoudite mais n’a pas été inculpé « en raison de preuves insuffisantes » et le second, mis en accusation, a été acquitté pour les mêmes motifs, selon le parquet saoudien.

Les deux hommes ont été officiellement évincés du cercle politique du prince hériter.

La fiancée turque de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz, avait espéré que le procès instruit en Turquie permettrait de « faire la lumière » sur plusieurs zones d’ombre qui demeurent, notamment en ce qui concerne les restes de l’ancien journaliste.

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