© AFP

Accident de train en Bavière: l’Allemagne veut comprendre

Les autorités allemandes cherchaient mardi à expliquer un choc frontal entre deux trains régionaux qui a fait dix morts et 81 blessés survenu dans la matinée en Bavière malgré l’existence d’un système automatique de freinage.

Les pistes du « problème technique ou d’une erreur humaine » sont à l’étude, a dit sur la chaîne de télévision allemande n-tv le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, parlant sur les lieux du drame d' »une catastrophe horrible ».

La voie ferrée sur laquelle circulaient ces deux trains Meridian, marque de la compagnie bavaroise BOB, était « sécurisée par le système PZB 90 » censé « forcer les trains au freinage » pour éviter toute collision, a-t-il ensuite expliqué à la presse. Selon M. Dobrindt, l’accident, près de la ville thermale de Bad Aibling, a dû se produire « à une vitesse élevée », les trains pouvant atteindre 100 km/h sur ce tronçon situé « dans un virage, si bien que les deux conducteurs n’avaient pas de contact visuel ».

Dix personnes sont mortes et une autre est portée disparue, avec de « faibles espoirs » de la retrouver vivante, a annoncé la police bavaroise en fin d’après-midi. L’accident a par ailleurs fait 18 blessés graves et 63 légers. Le précédent bilan faisait état de neuf morts. Depuis, une personne est décédée de ses blessures.

« Je suis bouleversée et triste », a réagi la chancelière Angela Merkel, tandis que son parti conservateur CDU, ses partenaires bavarois de la CSU et les Verts ont annulé leurs traditionnelles célébrations prévues pour le mercredi des Cendres, le lendemain de l’accident.

La compagnie BOB est une filiale de Transdev, qui appartient au groupe français Veolia et à l’Etat français. Les trains de Meridian circulent sur le réseau régional bavarois.

Le choc s’est produit vers 07H00 sur la ligne entre Rosenheim et Holzkirchen, dans un bois situé à environ 60 km au sud-est de Munich, la capitale de la Bavière.

Peu après son départ de la gare de Kolbermoor, « le train a subitement freiné, il y a eu un énorme bruit et la lumière s’est éteinte », a raconté un passager présenté comme étant « Patrick B. » à la radio Rosenheim 24. L’homme a secouru l’un de ses voisins et ouvert une porte du convoi pour conduire les passagers sur un talus avant l’arrivée des secours. « Des appels à l’aide provenaient de la carcasse du train, mais on ne pouvait rien faire dans l’obscurité ».

D’après Joachim Hermann, le ministre bavarois de l’Intérieur, environ 700 secouristes ont été déployés sur les lieux où ils sont confrontés à « une très grande souffrance » et à « des blessures inimaginables ».

Le site, proche d’une petite rivière, étant difficile d’accès à pied, les hélicoptères ont fait des allers-retours toute la matinée pour hélitreuiller les blessés. Les sauveteurs ont dû découper l’avant des deux trains à la scie à métaux pour accéder à l’intérieur et voir si d’autres victimes s’y trouvaient. Des débris métalliques, jaunes, bleus et argentés – les couleurs du train – jonchaient le sol.

Le trafic sur la ligne entre Rosenheim et Holzkirchen a été coupé, ainsi que deux routes, selon Meridian.

Le transport ferroviaire allemand a été libéralisé à la fin des années 1990 et BOB est l’un des opérateurs concurrents de l’ex-monopole Deutsche Bahn. Celui-ci est toujours propriétaire du réseau ferré. Plusieurs accidents ferroviaires sont survenus ces dernières années en Allemagne.

Les plus récents, en novembre et mai 2015, ont fait chacun deux morts, à la suite de collisions entre des trains et des véhicules. En janvier 2011, dix personnes avaient perdu la vie dans la collision entre deux trains à Hordorf, entraînant la généralisation en Allemagne du système PZB 90.

Un accident beaucoup plus grave avait eu lieu en 1998: un InterCity Express (ICE), un train à grande vitesse reliant Munich à Hambourg, avait déraillé, faisant 101 morts et 88 blessés à Eschede. C’est la catastrophe la plus meurtrière en Allemagne depuis 1945 (102 morts près de Munich).

LIRE AUSSI : Catastrophe ferroviaire en Allemagne : ce que l’on sait

Contenu partenaire