Donald Trump mis en cause dans l'affaire ukrainienne : des faits accablants mais une immunité assurée au Sénat. © DENNIS VAN TINE/ISOPIX

2019 : Trump affaibli

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La procédure de destitution du président américain dans le dossier de chantage présumé sur l’Ukraine pour atteindre son rival Joe Biden n’aboutira pas. Mais quel sera son impact sur l’élection de 2020 ?

 » Pas de collusion, pas d’obstruction, disculpation complète et totale !  » Le dimanche 24 mars, Donald Trump exulte sur son compte Twitter. Elle est bel et bien enterrée, la procédure de destitution que ses adversaires démocrates espéraient engager sur la base du rapport du procureur Robert Mueller sur une immixtion présumée de la Russie dans l’élection présidentielle de 2016 au détriment d’Hillary Clinton. La tentative de Moscou de peser sur le scrutin est attestée. Mais aucune charge n’est retenue contre le milliardaire. Donald Trump respire : la voie pour sa réélection en 2020 est bien déblayée.

Mais une procédure de destitution peut en cacher une autre… Le 12 août, un lanceur d’alerte prévient le chef de la communauté du renseignement qu’une conversation téléphonique tenue le 25 juillet entre le président et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, fraîchement élu, pose question. Au coeur de la controverse figure la candidature à l’élection de 2020 de l’ancien vice-président démocrate Joe Biden, qui s’annonce comme le principal rival de Trump. Or, son fils, Hunter, est soupçonné depuis 2015 d’implication dans une affaire de blanchiment quand il était actionnaire d’une compagnie gazière ukrainienne. Donald Trump espère démontrer que Joe Biden a manoeuvré pour étouffer l’affaire.  » Autre chose, avance le président américain lors de l’entretien, on parle beaucoup du fils de Biden, que Biden a fait arrêter les poursuites, et beaucoup de gens veulent démêler cette histoire. Alors, si vous pouviez faire quelque chose avec le ministre de la Justice, ce serait génial.  »

Les Etats-Unis ont-ils suspendu une aide militaire à l’Ukraine et une invitation de Zelensky à la Maison-Blanche aux efforts que celui-ci ferait pour relancer l’enquête contre les Biden ? Tel est l’enjeu de la procédure en destitution qu’engagent les démocrates à l’automne. Interrogé lors des auditions à la Chambre des représentants, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, crédibilise cette thèse en affirmant avoir travaillé dans ce sens avec l’avocat de Trump, Rudy Giuliani. Les démocrates retiennent finalement les préventions d' » abus de pouvoir  » et  » entrave à la bonne marche du Congrès « . Mais les républicains ont resserré les rangs et bétonné le soutien à leur président au Sénat, où ils sont majoritaires. Le procès n’aboutira donc pas à une destitution. Mais ses adversaires espèrent que Trump en sortira fragilisé pour le rendez-vous électoral de novembre 2020.

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