Heurts entre manifestants et policiers, place de la Concorde, à Paris, le 1er mai 1890. © PHOTO NEWS

1er mai 1890, le premier « Premier Mai »

Journée de grève et de cortèges. Ils sont nombreux, partout dans le monde, à se rendre vers le siège des autorités locales, des doléances plein les poches. Leur principale revendication ? La journée des huit heures.

Ces marcheurs entendent dormir huit heures par jour. Profiter de la vie huit heures par jour. Et travailler huit heures par jour. Pas une minute de plus. Ils n’en sont pas conscients mais, à battre le pavé, ils sont en train d’engendrer un rituel. De tracer une voie. Dans les décennies qui suivent, des millions de travailleurs marcheront dans leurs pas.

En réalité, avant 1890, il y eut 1886. Le 1er mai de cette année, des actions collectives sont lancées aux Etats-Unis, à l’appel des syndicats. Objectif : limiter les journées à huit heures de travail. Apre, la lutte s’étale sur plusieurs jours. Le 3 mai, quatre grévistes sont tués à Chicago. Le lendemain, des policiers perdent la vie. Plusieurs grévistes sont condamnés à mort ; ils seront pendus. La cause a déjà ses premiers martyrs.

Juillet 1889. Un congrès ouvrier international se réunit à Paris. L’ambiance est plutôt gaie. Un peu dissipée même. C’est alors que surgit cette proposition de résolution. Organiser une journée internationale des travailleurs. L’idée ne recueille qu’un tiède enthousiasme. Mais personne ne s’y oppose. Reste à trouver une date. Le 14 juillet ? Trop bourgeois. Trop férié, surtout. C’est alors qu’un Américain annonce qu’une manifestation est prévue le 1er mai suivant outre-Atlantique. Why not ? Dans une relative indifférence, le Premier Mai vient de naître.

La majorité des bourgeois refusaient d’ouvrir les yeux sur la question sociale. En ce jour de manif, nombre d’entre eux s’enfuient d’ailleurs vers la campagne pour échapper au spectacle. Mais qu’ils le veuillent ou non, la vérité s’étale sous leurs yeux. Le 1er mai 1890 est un succès. Dès l’année suivante, l’initiative est rééditée. Et voilà que la grève devient fête. Comme un signe d’espoir. En août 1891, le congrès socialiste de Bruxelles se réjouit de la tradition naissante. La délégation allemande propose de reporter la manifestation au dimanche le plus proche du 1er mai. La suggestion est rejetée : le congrès, au contraire,  » recommande le chômage partout où cela est possible « .

L’initiative gagne du terrain. En quelques années, la Bulgarie, la Russie, ou encore le Brésil s’associent aux festivités. Mais, dans le même temps, la ferveur s’endort sur d’autres terres. Les causes sont diverses : radicalisation par-ci, drames par-là. Et surtout : manque de résultats. Au tournant du siècle, les travailleurs n’ont toujours pas obtenu leurs huit heures. Dans la plupart des pays industrialisés, il est même fréquent de travailler plus de dix heures chaque jour…

Le Premier Mai aura pourtant la vie dure. En 1920, il devient jour férié en Russie communiste ; en 1933, Hitler en fait même une journée de congé payé. Au fil des ans, les revendications se diversifieront. Se multiplieront. Au même titre que les récupérations.

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