A Kolwezi, Moïse Tshombe proclame la fin de la sécession. © getty images

14 janvier 1963 : L’échec de la sécession katangaise

Nous sommes le 14 janvier 1963, à Kolwezi. Le lieu est symbolique : la ville abrite des bureaux de l’incontournable Union minière du Haut-Katanga. Puissance industrielle, pouvoir financier, influence politique…

Entouré de ses ministres, le président Moïse Tshombe est solennel. La déclaration tombe à 9 heures :  » Nous sommes prêts à proclamer devant le monde que la sécession katangaise est terminée.  » Envolées, les espérances. Restent les questions. Pourquoi donc cet Etat fit-il sécession ? Et pourquoi l’opération échoua-t-elle ?

Tout commence le 11 juillet 1960. Moins de deux semaines après la proclamation d’indépendance du Congo, la riche province du Katanga fait sécession. La raison ? Le leader Tshombe redoute que le climat insurrectionnel qui s’est emparé du Congo atteigne aussi sa région.  » Devant les menaces que ferait peser sur nous une plus longue soumission à l’arbitraire et à la volonté communisante du gouvernement central, le gouvernement katangais a décidé de proclamer l’indépendance « , justifie-t-il. L’opération a-t-elle une chance de réussir ? C’est dans trois villes que son sort va se jouer : à Léopoldville, Bruxelles et New York.

Léopoldville réagit mollement. Il faut dire que la sécession katangaise reflète la faiblesse des autorités centrales autant qu’elle l’accentue. Le président Joseph Kasa- Vubu et le Premier ministre Patrice Lumumba croient voir dans l’opération une perfide tentative de la Belgique pour conserver le pouvoir au Congo. Incapables de s’y opposer par eux-mêmes, ils lancent un appel à l’aide. En l’occurrence, ils se tournent vers l’ONU, de laquelle ils sollicitent une assistance militaire en même temps qu’une condamnation morale. Pendant ce temps, Bruxelles manoeuvre comme elle peut. Bien sûr qu’elle voit la sécession d’un bon oeil ! Les intérêts tricolores sont nombreux au Katanga – à commencer par l’Union minière. Discrètement, les Belges envoient des troupes et offrent un soutien logistique à Elisabethville. En même temps, l’indépendance ne peut être publiquement soutenue. La Belgique mène un jeu trouble, tentant de miser sur tous les tableaux.

Reste New York. L’ONU joue la carte de la décolonisation et du droit international. Elle condamne l’opération katangaise autant que l’ingérence belge. A travers des contacts diplomatiques et des sanctions économiques, elle veut mettre un terme à la sécession. Mais Elisabethville résiste. Ultime moyen de pression : la force. A plusieurs reprises, des Casques bleus pilonnent Elisabethville, hôpitaux et écoles compris. En janvier 1963, les insurgés finissent par céder. Dépité, Tshombe s’exile en France, puis en Espagne. L’année suivante, il revient toutefois au Congo. Prônant l’unité nationale, il devient même Premier ministre ! Mais pas pour longtemps : en octobre 1965, Kasa-Vubu le démet de ses fonctions ; deux ans plus tard, le Katangais est condamné à mort par contumace. Héros honni, traître admiré : aux yeux des Congolais, Tshombe aura tout été.

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