© RT/Screenshot Documentary

Kalachi, le village où les habitants s’endorment mystérieusement

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Les habitants d’un petit village reculé du Kazakhstan souffrent de soudaines pertes de connaissance, pouvant durer de deux à six jours. À ce jour, les scientifiques n’ont pas encore trouvé la cause de ce mal étrange.

Dans ce petit village du nord du Kazakhstan situé à 450 kilomètres de la capitale Astana, une centaine d’habitants sur les quelque 600 qui le peuplent souffrent d’un mal mystérieux depuis 2010. Par vague, ils sont victimes de brutales et soudaines pertes de connaissance qui durent de deux à six jours. Un phénomène en hausse depuis mars 2013, d’après le Siberian Times, qui suit l’affaire depuis plusieurs mois. La bourgade de Kalachi a même été surnommée « Sleepy Hollow ».

Un habitant raconte au journal britannique The Guardian: « Le 28 août, je filais sur ma moto pour aller faire des courses dans le village voisin. Le moment d’après, je me réveillais à l’hôpital. On était le 2 septembre. Je ne me souvenais de rien. » D’autres cas similaires sont répertoriés. Ainsi, un agriculteur s’endort en trayant ses vaches, il ne se réveille que deux jours et deux nuits plus tard. Une femme venue passer le week-end chez un parent s’effondre alors qu’elle planche sur un dossier et reprend conscience trente heures plus tard, à l’hôpital. L’épidémie de sommeil touche toutes les tranches de la population, des jeunes enfants aux personnes âgées. En plus de sombrer dans un sommeil profond, les victimes expérimentent des nausées, des pertes de mémoire et des hallucinations.

A l’hôpital, les médecins interloqués soupçonnent les effets sédatifs d’une vodka frelatée, vu l’état d’hébétude de certains patients. Ils abandonnent rapidement l’hypothèse vu que des enfants sont également touchés. Depuis, les scientifiques du monde entier rallient ce coin reculé du Kazakhstan pour essayer de comprendre ce qu’il s’y passe. Des batteries de tests bactériologiques et viraux, des études du sol, de l’eau, de l’air, de sang et de tissus, tout comme des ponctions lombaires ne sont jusqu’ici pas parvenu à éclaircir le mystère de ces phases de narcolepsie, rapporte Le Monde.

Kalachi, le village où les habitants s'endorment mystérieusement
© RT/Screenshot Documentary

La faute au radon ?

De gros soupçons planent sur la ville fantôme de Krasnogorsk, à proximité du village. Comme l’explique le journal français, au temps de l’Union soviétique, la zone était fermée et secrète, placée directement sous l’autorité de Moscou. Ses 6500 résidents y extrayaient du minerai d’uranium. En 1991, la mine a cessé d’être exploitée du jour au lendemain et la ville laissée à l’abandon. Aujourd’hui, seulement 200 habitants y vivent encore et aucun ne souffre pourtant de ces endormissements soudains.

Selon le professeur Leonid Rikhanov de l’université de Tomsk (Russie) le minerai extrait de Krasnogorsk contiendrait du radon. « Nous avons étudié des échantillons envoyés par des habitants de Kalachi. Il n’y a pas d’effet radioactif, mais une simple réaction chimique. En d’autres termes, les troubles sont causés par l’évaporation du gaz contenu dans la mine. »

Cette piste envisagée avec sérieux pourrait lever un voile sur le mystère. Pourtant, une énigme persiste, dans le Siberian Times, l’anesthésiste Kabdrashit Almagambetov, qui a soigné une des victimes de Kalachi, explique : « Quand on utilise des gaz proches du radon sur des patients, ils se réveillent au maximum une heure après l’opération. Là, on est face à des gens qui dorment entre deux et six jours. » Lukashenko, le directeur du Centre national de sécurité nucléaire, est, lui, catégorique : « Cela n’a rien à voir avec le radon. La seule chose suspecte que nous pouvons signaler, ce sont les concentrations en monoxyde de carbone. Mais sans certitude qu’il s’agisse du facteur principal. » En janvier, un ancien travailleur de la mine d’uranium avait confié à la reporter Anna Liesowska, du Siberian Times, qu’il ne croyait pas non plus à l’hypothèse du radon. « Quand nous descendions dans la mine, explique Vitaly, 60 ans, la concentration en radon était très élevée et personne ne s’endormait…« 

Certains experts parlent de psychose collective mais jusqu’à ce qu’une raison scientifique soit trouvée à cette mystérieuse épidémie de sommeil, les autorités du Kazakhstan ont opté pour une solution plus radicale: faire déménager tous les habitants dans un village tout fraichement construit dans la steppe kazakh. Une centaine d’entre eux n’ont pas attendu cette décision pour quitter les lieux tandis que d’autres ne sont pas enclins à partir même s’ils avouent « avoir tous peur de tomber endormi. »

Visionnez un documentaire sur « le village endormi »

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire