La forêt d'Aokigahara. © Flickr/minsu101

Aokigahara, la forêt « hantée » qui attire les suicidaires

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Aokigahara est une forêt pas comme les autres à plusieurs égards. Considérée comme hantée par les Japonais, elle est située sur un lieu géologique particulier et a été le théâtre de nombreuses histoires fantastiques qui n’ont fait que renforcer sa réputation déjà bien sombre.

Aokigahara est une forêt de 35 kilomètres carrés située au pied du mont Fuji. Selon Slate, elle serait née d’une coulée de lave au neuvième siècle. C’est pour cette raison qu’il est facile de s’y perdre. Mis à part le paysage qui se répète inlassablement, à certains endroits il est impossible d’apercevoir le soleil ce qui rend l’orientation compliquée. De plus, les GPS et les téléphones n’y fonctionnent pas et les boussoles sont désorientées par le caractère ferreux du sol.

« La lave renfermait par ailleurs des bulles de gaz qui se sont échappées lors de la phase de solidification en créant des formes étranges, figées lors du refroidissement, et de nombreuses cavités qui se révèlent dangereuses », prévient Rémi Scoccimarro, docteur en géographie et maître de conférences en langue et civilisation japonaise à Toulouse-II, interrogé par Slate. Pour une petite balade digestive, mieux vaut donc choisir une autre forêt puisque vous risquez également d’y croiser l’un ou l’autre pendu.

En effet, nombreux sont ceux qui ont choisi de s’y perdre volontairement pour mettre fin à leurs jours. Cette forêt est l’un des lieux favoris pour les candidats au suicide au Japon. Ils ont été 200 à y mettre fin à leurs jours en 2010, une année record.

Aokigahara, la forêt
© Flickr/Iloé C. Pardo

À tel point qu’aujourd’hui la forêt regorge de panneaux à l’attention des suicidaires : « La vie est un cadeau précieux offert par vos parents. S’il vous plaît, pensez à eux, à votre entourage, à vos amis. Ne gardez pas les choses en vous. Parlez-en. » Les autorités tentent en effet d’endiguer le problème, même si le suicide ne fait l’objet d’aucun tabou religieux au pays du Soleil Levant.

Historiquement Aokigahara trimballe déjà un lourd passé lié à la mort. Elle a été « un lieu privilégié pour déposer les personnes âgées en fin de vie. Mais aussi des nouveau-nés dans le cadre d’infanticides pratiqués à la fin du XIXe siècle dans les campagnes comme moyen de régulation de la population en vue de la modernisation du pays », explique Rémi Scoccimarro. « Cette présence de la mort en a ainsi fait, depuis l’après-guerre, un site à la fois idéal pour les suicides et très pratique pour se débarrasser des corps à la suite d’un meurtre. »

Aokigahara, la forêt
© Flickr/Iloé C. Pardo

Deux best-sellers japonais ont également contribué à la réputation d’Aokigahara, selon Slate. L’un publié en 1959 par Seicho Matsumoto et l’autre en 1993 par Wataru Tsurumi. Le premier raconte la fin tragique d’une jeune femme dans la forêt, le second est une véritable mode d’emploi du suicide qui désigne la forêt d’Aokigahara comme l’un des meilleurs spots du pays. Depuis, son succès n’a fait que grandir et il n’est pas rare de retrouver ces livres avec les objets emportés par les suicidés.

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