Le pape vénérant le reliquaire de Saint Janvier dans la cathédrale de Naples. © REUTERS

A Naples, le « miracle » du pape qui affole les fidèles

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Ce week-end, le pape François était à Naples. Lors de la visite au Duomo samedi, il a vénéré les reliques du Saint-Patron de la ville, Saint-Janvier. Et un miracle s’est produit…enfin, un « demi-miracle ». Explications de ce phénomène.

Lors d’une cérémonie religieuse dans la cathédrale de Naples, le pape a été invité à embrasser un reliquaire du Saint-Patron des Napolitains, San Gennaro. Cette ampoule de verre contient ce qui est supposé être le sang de l’évêque du 4e siècle, mort décapité en martyr. Après le geste du pape, le sang contenu dans le reliquaire est devenu liquide. Les fidèles ont immédiatement vu dans ce phénomène un miracle réalisé par François.

« Le saint nous aime seulement à moitié »

Le cardinal Crescenzio Sepe, exhibant aux fidèles la précieuse ampoule de verre, a alors annoncé triomphalement que « le sang s’est liquéfié à moitié, ce qui montre que Saint-Janvier aime bien notre pape et Naples« . S’il s’agit d’un miracle pour la foule présente, il ne l’est qu’à moitié, selon le pape qui a ironisé, pour sa part, estimant que « le saint nous aime seulement à moitié. Nous devons tous un peu nous convertir, pour qu’il nous aime davantage ! »

Le sang de San Gennaro est conservé coagulé. Selon la tradition, il devient liquide, et semble même parfois en ébullition, lors de célébrations qui ont lieu en mai, en septembre et en décembre. Et quand rien ne se passe, c’est pour les Napolitains signe d’un grand malheur, ce fut le cas à différents moments clefs de l’Histoire. Ce « miracle de Saint-Janvier », s’il est mentionné depuis 1389 n’est toutefois pas officiellement reconnu comme tel par l’Eglise mais seulement comme un « événement prodigieux ».

Du sang qui n’en est pas

Le phénomène de « liquéfaction » – et dans le cas évoqué, le terme chimique adéquat serait plutôt une fusion vu que le sang passe de l’état solide à l’état liquide et non de l’état gazeux à liquide – a été analysé par la communauté scientifique, dont les avis divergent. Pour Margarita Hack, une astrophysicienne italienne de renom, le phénomène observé sur ce sang conservé depuis plus de 17 siècles a une explication scientifique qui ne relève en rien du miracle. « Il s’agit simplement d’une composition chimique à base de fer, datant du Moyen Âge, à l’état solide si on n’y touche pas, mais qui devient liquide quand on l’agite« , a-t-elle expliqué il y a quelques années dans le quotidien italien La Stampa. Le journal a publié sur ses indications la composition du cocktail miraculeux qui, a souligné la scientifique, peut être « facilement effectué en laboratoire » : chlorure de fer, carbonate de calcium et chlorure de sodium. Quand on ne touche pas au mélange, il est solide, en revanche, si on l’agite ou le réchauffe, il devient liquide.

En 2010, Giuseppe Geraci, professeur de la faculté de biologie de l’Université de Naples, conclut, de son côté, à l’issue de quatre ans d’études et de plusieurs analyses spectrales, que l’ampoule contient bien du sang qui peut redevenir liquide en le secouant.

Autre explication possible : les foules de milliers de fidèles présentes lors de la vénération des deux ampoules saintes seraient responsables d’une légère augmentation de la température ambiante qui faciliterait la fusion de la préparation. A moins d’un vrai miracle…

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