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Une sacrée paire de pionnières : Elena Piscopia, première femme au monde à recevoir un titre universitaire

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Zoom sur Elena Piscopia, première femme au monde à recevoir un titre universitaire et dont son nom a été donné à un cratère sur Vénus.

Quelque part sur Vénus, entre 1,5 degré de latitude nord et 190,9 degrés ouest, s’étend un long cratère de vingt-six kilomètres de diamètre. L’union internationale d’astronomie ne mentionne pas l’identité de son découvreur. Mais celui (ou celle ?) qui l’a un jour aperçu à travers son télescope a tenu à lui donner le nom de Piscopia. Un hommage à Elena Lucrezia Cornaro Piscopia, de son patronyme complet, qui n’était pourtant pas astrophysicienne. Nul ne peut tout savoir, et l’Italienne maîtrisait beaucoup d’autres sujets : la théologie, la philosophie, les mathématiques, le chant, la harpe et le violon… Et puis elle parlait sept langues, aussi, accessoirement.

Une femme, si instruite ! Au mitan du XVIIe siècle, pareil spécimen était tellement rare que des érudits de toute la Botte accouraient à Venise pour taper la causette avec elle. Elena Piscopia était aussi la vedette de débats publics, elle qui, en réalité, n’aspirait qu’à un cloître, une bure et à Dieu. A 11 ans, elle avait secrètement fait voeu de chasteté ; toute sa vie, elle éconduira d’ailleurs les nombreux courtisans qui sollicitèrent sa main.

Lorsque, adolescente, elle demanda à rejoindre les bénédictines, son père estima qu’elle méritait destin plus prestigieux que les ordres. Sa fille, sa si brillante fille, capable de disserter en arabe comme en hébreu, en grec comme en espagnol, devait aller à l’université. Quand bien même celle-ci n’était ouverte qu’aux messieurs.

Giovanni Battista Cornaro Piscopia dut user de tous les réseaux que permettaient sa lignée familiale bourgeoise vénitienne et son poste de procurateur de la basilique Saint-Marc pour pouvoir inscrire Elena à l’Académie des Ricovrati de Padoue, pour y suivre un cursus de théologie. Qu’elle termina, malgré une santé fragile. Savait-elle, en étudiant, qu’elle ne pourrait pas obtenir de diplôme ? Ou le refus de l’Eglise catholique romaine l’a-t-il surprise ? « Accorder le titre de docteur à une femme [serait de nature] à nous rendre ridicules à tout le monde », décréta le cardinal Gregorio Barbarigo.

Giovanni Piscopia devait décidément avoir le bras long, la menace efficace et la fierté paternelle développée, car un compromis fut finalement trouvé au terme d’un âpre conflit : sa fille serait bel et bien diplômée. Mais pas en théologie (une affaire d’hommes, Dieu, enfin ! ), plutôt en philosophie, apparemment discipline plus fémininement acceptable.

Le 25 juin 1678, âgée de 32 ans, Elena Piscopia soutint sa thèse de doctorat et devint ainsi la première femme au monde à recevoir un titre universitaire. A l’Académie de Padoue, il faudra attendre 300 ans pour qu’une autre doctorante soit diplômée…

Dans la foulée, elle fut également admise au sein du Collège des médecins et des philosophes des savants padouans. Consécration surtout symbolique, puisqu’il lui était quand même interdit d’enseigner. La première femme professeure d’université (supposée être Marie Curie) n’arrivera, il est vrai, que deux siècles et demi plus tard.

Elena ne caressait de toute façon pas cette carrière. Sa seule ambition restait divine : dès qu’elle le put, elle se fit oblate bénédictine, manière de conjuguer sa foi et ses obligations mondaines d’érudition, peu compatibles avec l’habituelle réclusion monastique. La légende veut qu’elle consacra sa vie aux pauvres. Mais elle ne fit pas longtemps ce qu’elle désirait vraiment. Le 26 juillet 1684, à 38 ans, Elena Lucrezia Cornaro Piscopia rendit l’âme. L’entregent de son père ne pouvait rien contre la tuberculose.

C’est pas gagné

« C’est rare, une femme qui pense… C’est beau aussi, surtout quand ça porte une jupe. » « Achetez-vous un cerveau avant de parler, ça nous changera. » Les supposées petites phrases de Marc Guillaume, ex-fonctionnaire de l’Elysée et actuel préfet d’Ile-de-France, font la Une des médias, depuis qu’elles ont été dénoncées par plusieurs ex-collaboratrices. Qui l’accusent aussi d’avoir bloqué leur carrière. Ce n’est pas Emmanuel Macron qui avait décrété l’égalité hommes-femmes comme grande cause du quinquennat ?

Happy birthday, Little Miss Sumo

Elle fait partie des 100 femmes les plus influentes du monde, et pourtant Kon Hiyori n’a que 23 ans, depuis ce mois-ci. Cette Japonaise lutte pour que les filles puissent pratiquer professionnellement le sumo. A l’université de Ritsumeikan, à Kyoto, rappelle le site ablock.fr, Kon Hiyoru Kon étudie les théories du genre et est la seule femme à faire partie de l’équipe universitaire de sumo. Elle est devenue « une figure du féminisme japonais ». Elle a aussi inspiré le réalisateur Matt Kay qui lui a consacré en 2018 le film Little Miss Sumo.

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Deux mille quatre cent quatre-vingt-cinq femmes sont en prison, en France (au 1er octobre 2019), soit 3,5 % de la population carcérale.

La photojournaliste Axelle de Russé leur consacre une expo, dans le cadre de la 32e édition du festival international Visa pour l’image-Perpignan, qui se déroulera du 29 août au 13 septembre.

Intitulé Dehors, le reportage révèle le « parcours du combattant » qu’est la réinsertion des ex-détenues « livrées à elles-mêmes ». 60 % d’entre elles retournent en prison dans les cinq ans suivant leur libération.

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