Le 7 juin 2003, le jour où la Belgique a régné sur Roland-Garros

Dans deux jours, ils ont examen. Mais cet après-midi, ils sont dans leur salon. Ou sur la Grand-Place de Bruxelles. Ou ailleurs… Pas plongés dans leurs syllabi mais devant un écran. Les yeux rivés vers Paris, les étudiants du royaume sentent le souffle de l’histoire. Et ils ne sont pas les seuls.

Avec eux, leurs parents, grands-parents, les ouvriers, les patrons, les parlementaires, les ministres, et même le roi ! Cet après-midi, c’est la Belgique entière qui vibre. Qui stresse (un peu). Qui jubile (déjà). Car quelle que soit la vainqueure de Roland-Garros, le pays aura gagné.

Avant Henin et Clijsters, les vedettes s’appelaient Devries, Monami, Appelmans. Dans les années 1990, les amateurs belges de tennis exultaient dès que l’une d’elles franchissait le deuxième tour d’un Grand Chelem. En 1997, Dominique Monami et Sabine Appelmans remportent leur huitième de finale à l’Australian Open. Héroïques ! En quart, elles s’inclinent toutes deux. Mais les Belges sont déjà aux anges !

Pendant ce temps, dans l’ombre, deux étoiles commencent à briller. Justine Henin, tout d’abord. En 1997, à 15 ans et 2 mois, elle devient championne de Belgique… chez les seniors. Dans la foulée, elle remporte le tournoi juniors de Roland-Garros. Puis, en 1999, elle décroche son premier titre WTA, à Anvers. Quelques mois plus tard, Kim Clijsters est sacrée à Luxembourg. De plus en plus de Belges suivent les exploits de  » Kim  » et  » Justine « . C’est officiel : la Belgique a deux nouvelles stars.

Deux sacrées rivales aussi. Certes, la concurrence incite les deux joueuses à élever leur niveau.  » On ne serait jamais devenues aussi bonnes l’une sans l’autre « , confiera Henin. Mais elle déteint aussi sur la qualité de leur relation.  » De par l’adversité, il était impossible que l’on soit amies et proches « , observera la Rochefortoise. Lorsqu’elles se croisent en tournoi, les deux jeunes filles s’ignorent régulièrement. Pendant ce temps, sportivement, c’est Clijsters qui prend l’ascendant. En 2001, elle bat Henin en demi-finales de Roland-Garros, avant de perdre une finale d’anthologie contre Jennifer Capriati – 12/10 dans le troisième set ! Les deux Belges frôlent alors les sommets. Leur rivalité aussi.

Arrive Roland-Garros 2003. Kim est deuxième tête de série, Justine, quatrième. Intercalées en première et troisième positions, les soeurs Williams font figure d’épouvantails. Au quatrième tour, Venus tombe de haut. En demi-finale, Serena affronte Justine Henin-Hardenne. Le duel est intense : ce n’est qu’au terme d’un terrible troisième set que la Wallonne l’emporte, offrant à la Belgique une finale de rêve.

Break d’entrée, Henin empile les jeux : 6/0 en 27 minutes. Les amorties de Clijsters échouent dans le filet, les revers décroisés de Henin blanchissent la ligne. 6/4 : le second set est plié, le match est terminé. Emue aux larmes, aux côtés du roi Albert II, Justine Henin salue sa mère disparue sept ans plus tôt.  » J’espère que tu es fière de moi, maman « . Quelques mois plus tard, la jeune fille deviendra numéro un mondiale. Succédant à Clijsters.

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