Lyndon Johnson donnera une autre dimension à la guerre du Vietnam. © Getty Images

Le 7 février 1965, le jour où l’Amérique est tombé dans le piège du Vietnam

En 1955, 1961 ou 1965 : quand donc la guerre du Vietnam débuta-t-elle vraiment ? Les avis divergent. Et l’histoire ne tranche pas réellement. Une chose est cependant certaine : le 7 février 1965 est une date clé. Ce jour-là, sur décision du président Lyndon Johnson, les Etats-Unis commencent à bombarder le Nord-Vietnam. Si la manifestation de puissance impressionne, la suprématie américaine ne se concrétisera jamais. Il y a pire : en réalité, c’est sur une fake news que l’offensive repose.

Le Vietnam, c’est d’abord l’affaire… des Vietnamiens ! En 1954, au terme de la (première) guerre d’Indochine, le Vietnam recouvre l’indépendance. Un nouvel Etat ? Non, deux ! Le Nord est contrôlé par des communistes, tandis que le Sud est aux mains de pro-Occidentaux. Entre les deux camps, la tension est palpable. Surtout à partir du moment où le dictateur Ngô Dinh Diêm prend le pouvoir au sud. Dans la foulée, une insurrection éclate. Avec le soutien du Nord, des communistes – les Viêt-Công – tentent de renverser le régime. L’affaire, cette fois, n’est plus seulement celle des Vietnamiens ; les yeux du monde entier sont à présent tournés vers la région. L’Occident a peur : il faut dire que le Sud-Vietnam est pratiquement son dernier bastion asiatique.

Inévitablement, les Etats-Unis viennent à s’en mêler. En 1961, le président Kennedy envoie des troupes légères dans la région. Mais la situation demeure trouble. Au sud, les crises de régime se succèdent, tandis que la menace des Công ne faiblit pas. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche, Lyndon Johnson, aimerait renforcer l’effort de guerre de son pays. Mais le Congrès se montre hésitant. Comment le convaincre ? En trouvant le bon argument ! Quitte à l’inventer…

Du 2 au 4 août 1964, deux destroyers américains sont la cible de tirs nord- vietnamiens. Vraiment ? La présence de navires ennemis semble avoir été perçue en pleine mer. Mais ne s’agirait-il pas plutôt d’effets liés aux dysfonctionnements du sonar des bateaux américains ? Des doutes circulent. La thèse d’une offensive ennemie finit même par tomber à l’eau. Il faudra cependant attendre 2005 pour que la NSA, l’agence nationale de sécurité américaine, admette qu’il n’y eut guère d’attaque nord-vietnamienne ces jours-là dans le Golfe du Tonkin.

Mais retournons en août 1964. A Washington, les rapports contradictoires arrivent. L’hypothèse d’une attaque est trop belle, les doutes sont balayés. Tandis que la  » vérité  » est proclamée, on sort des tiroirs le texte d’une résolution – préparée de longue date ! – à soumettre au Congrès. Celui-ci est à présent enthousiaste : le 7 août, pratiquement à l’unanimité, il octroie les plein pouvoirs militaires à Johnson. En novembre, le président est largement réélu. Le 7 février 1965, il ordonne les bombardements. En prenant cette décision, il donne à la guerre du Vietnam une autre dimension. Il prépare aussi l’un des échecs les plus cuisants que les Etats-Unis connaîtront durant la guerre froide.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire