L'ouverture de la Conférence de la paix du "Conseil des Quatre", Lloyd George, Premier Ministre britannique, Vittorio Orlando, président du Conseil italien, Georges Clémenceau, président du Conseil français, et Woodrow Wilson, Président des Etats-Unis (18 janvier 1919 à Paris.) © Reuters

Le 28 juin 1919, le traité de Versailles met fin à la Grande Guerre

Le Vif

Le 28 juin 1919 à 15h50, une salve d’artillerie retentit sous les vivats devant le château du Roi-Soleil: le traité de Versailles vient d’être signé. La Première Guerre mondiale est finie, mais le texte, en humiliant l’Allemagne, sera le terreau de la propagande nazie.

Depuis le 18 janvier, une conférence de la paix, réunie à Paris, a été chargée de préparer le traité. Dans une Europe exsangue où la tentation révolutionnaire, inspirée par l’exemple russe, se propage, les négociations entre Alliés ont été difficiles.

L’Allemagne, elle, a été tenue à l’écart des débats. Le projet de traité, très dur, ne lui a été soumis que le 7 mai et ses contre-propositions ont été rejetées.

Le 17 juin, les Alliés lui ont donné cinq jours pour se décider. Le chancelier Scheidemann démissionne, mais l’Allemagne s’incline devant le « diktat ».

« L’Allemagne paiera », ce leitmotiv français dicte jusqu’au choix du lieu et de la date de la signature: la Galerie des Glaces du Château de Versailles pour effacer l’humiliation de la proclamation en ce lieu-même de l’Empire allemand le 18 janvier 1871 après la défaite de Sedan; le 28 juin, pour commémorer l’assassinat de l’héritier de l’empire austro-hongrois et de son épouse à Sarajevo, qui a servi de prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914.

Le jour de la signature, Versailles est en fête. « Les cafés regorgent de monde. De nombreux consommateurs entonnent des couplets patriotiques dont le public reprend en choeur le refrain », écrit Le Petit Journal.

Les grandes eaux du château jouent pour la première fois depuis 1914. Soldats et badauds acclament les héros du jour: le Français Georges Clemenceau, le Britannique Lloyd George, l’Américain Woodrow Wilson, qui se présente en leader du monde civilisé, et l’Italien Vittorio Orlando.

Clemenceau, rencontrant des « gueules cassées », leur dit: « vous avez beaucoup souffert. Mais voici votre récompense ».

Vaincus, les représentants allemands entrent dans la Galerie des Glaces en silence. Devant les 27 délégations représentant 32 puissances, ils sont invités à signer en premier, pour éviter tout coup de théâtre.

« La paix du droit est signée. Hier à Versailles, 1919 a effacé 1871 », titre le lendemain Le Petit Journal, journal populaire, selon qui les Allemands ont « signé l’aveu de leurs crimes contre la civilisation ».

« La paix est signée, mais hélas la guerre n’est pas terminée », estime L’Humanité. Les idées wilsoniennes sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et l’établissement d’une paix durable « sortent vaincues du palais de Versailles », juge l’organe socialiste.

Le traité réorganise l’Europe et crée la Société des nations (SDN).

L’Allemagne, stigmatisée, perd ses colonies et est amputée de 15% de son territoire: l’Alsace-Lorraine est restituée à la France, la Sarre sous contrôle de la SDN pour quinze ans. La Pologne reconstituée annexe la Posnanie et la Prusse occidentale. La Prusse orientale est séparée du reste de l’Allemagne par le corridor de Dantzig.

Les forces terrestres allemandes sont limitées à 100.000 hommes et le service militaire aboli.

Les clauses économiques imposent le paiement de « réparations » et lui font perdre une grande partie de son potentiel économique et agricole. L’Allemagne doit en outre reconnaître sa responsabilité dans la guerre.

En 1920, le Sénat américain – dominé par l’opposition – refuse de ratifier le traité et les États-Unis, de fait, doivent se retirer de la SDN, affaiblissant d’emblée l’organisation.

En 1921, la conférence de Londres fixe à 132 milliards de marks-or le montant des « réparations » dues aux Alliés, essentiellement à la France. Les Allemands sont incapables d’assurer leurs obligations. Pour les y contraindre, les troupes françaises occupent la Ruhr en 1923 et le pays sombre encore davantage dans le chaos économique et l’hyperinflation.

Le traité crée dans l’Est européen de nouveaux problèmes de minorités et prépare une flambée de nationalismes.

Un agitateur du nom d’Adolf Hitler y trouve le terreau pour parvenir au pouvoir dix ans plus tard, avant de mettre à nouveau l’Europe à feu et à sang.

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