L'étoile jaune : symbole de la discrimination puis de l'extermination des juifs par les nazis. © GETTY IMAGES

Le 15 septembre 1935, à Nuremberg, l’antisémitisme devient loi

Retour sur le jour où à Nuremberg l’antémitisme devient légal. Si les trois lois ne sont pas une surprise, elles ne sont pas non plus un commencement.

C’est officiel : en Allemagne, les juifs sont désormais légalement discriminés. Trois lois sont approuvées ce jour-là à Nuremberg. La première impose de floquer la croix gammée sur le drapeau du Reich. La seconde retire la citoyenneté aux juifs, ceux-ci devenant de simples « ressortissants de l’Etat ». La troisième va plus loin encore : elle interdit aux juifs tout rapport sexuel avec un citoyen allemand. L’Allemagne vient d’entrer dans une ère sombre.

Les lois de Nuremberg ne constituent toutefois pas une surprise. Bien avant son accession au pouvoir, le parti national-socialiste avait rédigé un programme prévoyant que seuls les citoyens bénéficieraient de droits civiques. Et qu’aucun juif ne pourrait demeurer citoyen. Le passage à l’acte ne tarde pas. Dès avril 1933, le nouveau régime interdit aux juifs d’exercer un emploi rémunéré par l’Etat. Et en mai 1935, une circulaire du ministère de l’Intérieur interdit aux membres de la Wehrmacht d’épouser des non-aryens.

Si les lois de Nuremberg ne constituent pas une surprise, elles ne sont pas non plus un commencement. Il s’agit plutôt d’une normalisation. En effet, le nazisme ne souhaite pas sauvagement affronter les juifs ; il entend méticuleusement organiser la lutte. En 1935, il ne s’agit pas de poser les bases d’un génocide, mais bien d’identifier l’ennemi. Et de convaincre le peuple qu’il faut le combattre. En l’occurrence, le peuple suit : dans leur grande majorité, les Allemands ne s’indignent pas de la législation nouvelle. Ailleurs, c’est autre chose : depuis l’Angleterre ou les Etats-Unis, on condamne fermement Nuremberg.

Une question préoccupe les Allemands : comment savoir s’ils sont… juifs ? Les lois de Nuremberg formalisent une division entre les personnes « de sang allemand ou apparenté » et les juifs. Mais elles ne définissent aucune de ces deux catégories. Il faut attendre novembre pour qu’un décret d’application apporte quelques éclaircissements. Les juifs sont alors définis comme des personnes ayant au moins un grand-parent juif. Branle-bas de combat ! Dans bien des foyers, on n’a plus qu’une obsession : prouver que l’on n’en est pas. En quelques semaines, les experts généalogistes deviennent très recherchés. Pour le compte de leurs clients, ils dépouillent les bulletins paroissiaux et se plongent dans les archives de l’état civil. La situation finira par se clarifier – et se dégrader : pour éviter toute ambiguïté, le (petit) demi-million de juifs présents en Allemagne devra bientôt adopter un nom juif et porter une étoile de David sur le revers de son vêtement. Dorénavant, se cacher deviendra compliqué.

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