La dernière photo connue de Salvador Allende, alors que le palais de la Moneda est bombardé. © Luis Orlando Lagos Vasquez/belgaimage

Le 11 septembre 1973 : l’assassinat de la démocratie chilienne

« Je ne démissionnerai pas, parce que le peuple est avec moi ». Il est 8 h 10 et Salvador Allende est confiant. Ou, en tout cas, optimiste. Le président chilien rassure ses compatriotes sur les ondes de la radio nationale : il ne compte pas les abandonner. Mais il est bientôt interrompu. Brutalement, une autre voix se fait entendre.

Un homme invoque  » la situation socio- économique  » et la nécessité d’une rupture. Il se fait menaçant : si Allende n’a pas démissionné à 11 heures, le palais présidentiel de la Moneda sera attaqué. A Santiago du Chili, une journée historique vient de débuter.

C’est en 1970 que, sous la houlette de Salvador Allende, l’Unité populaire voit le jour. Les grandes manoeuvres s’ensuivent. La nationalisation du cuivre est votée à l’unanimité. Le gouvernement arrache ensuite la nationalisation de la sidérurgie et des charbonnages, ainsi que diverses hausses salariales. Des marxistes à Santiago ? Pas pour autant. Allende n’a rien d’un Castro. Pur légaliste, c’est plutôt un socialiste  » bon teint « . Un vrai démocrate. Mais il dérange certains… A Washington, notamment. Avant même la prise de fonction officielle d’Allende, le président Richard Nixon réfléchit à la manière de faire tomber ce  » son of a bitch « . Des fonds importants sont débloqués pour soutenir l’opposition. Diverses mesures sont prises pour asphyxier l’économie chilienne. Et certains officiers sont encouragés à organiser un coup d’Etat. N’ayant pu empêcher Allende d’être élu, Nixon veut absolument le faire disparaître. Par tous les moyens.

Allende se sait en péril. Si la première année de sa présidence a coïncidé avec une certaine prospérité et permis d’améliorer le sort des laissés-pour-compte, la seconde s’avère nettement plus compliquée. Tandis que la Maison-Blanche en appelle au boycott des produits chiliens, certains patrons spéculent et organisent la pénurie. Le train fou est lancé : les prix augmentent, le marché noir se développe. Et l’opposition gronde. En septembre 1973, en sursis, le président est sur le point d’annoncer la tenue d’un référendum sur la politique de son gouvernement.

Il n’en aura pas le temps. Ce 11 septembre, en début de matinée, l’armée entre en dissidence. Avec quelques fidèles, Allende s’enferme dans son palais. A plusieurs reprises, la junte ordonne au président de partir. Mais Allende résiste. Et signe son arrêt de mort. De partout, la ville est déjà cernée. Dans les rues, des mitraillettes apparaissent ; sur les toits, des francs-tireurs s’improvisent. Vers midi, l’aviation chilienne entame le bombardement de la Moneda. Quelques heures plus tard, le corps d’Allende est retiré des décombres. Abattu ? Suicidé ? C’est à peu près la même chose.

Une nouvelle page s’ouvre. En même temps qu’il s’étonne de la disparition de l’Etat  » le plus démocratique d’Amérique latine « , l’Occident découvre la silhouette du général Augusto Pinochet. Ce n’est qu’au fil du temps que se révélera son vrai visage : celle d’un dictateur sans pitié.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire