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2469 ans plus tard, Hérodote avait raison

Stagiaire Le Vif

Décrite par l’historien Hérodote autour de 450 avant J.-C., la mythique « baris » a été mise au jour par des archéologues tout près de la ville engloutie de Thônis-Héracléion.

Dans son Historia, Hérodote relate tous les moindres évènements du monde grec et du monde connu dans l’Antiquité. Il est considéré comme le « père de l’Histoire ». Au 5e siècle avant J.-C., il visita l’Égypte et aperçut d’étranges navires voguant sur le Nil et décrivit de façon détaillée leur construction dans son second ouvrage : Euterpe.

La véracité des propos d’Hérodote a été mise en doute pendant des siècles en raison du manque de preuves tangibles de l’existence de tels navires. Or, la situation a changé : la découverte d’une épave « exceptionnellement conservée » démontre la précision des détails donnés par Hérodote.

« Il a fallu que nous découvrions cette épave pour nous rendre compte qu’Hérodote avait raison », explique Dr. Damian Robinson, directeur du centre d’archéologie marine à l’Université d’Oxford, et éditeur de la découverte. « Les descriptions d’Hérodote correspondent à ce que nous avons devant nous. »

Hérodote décrit la construction de la manière suivante : « Les Égyptiens taillent dans ce bois d’acacia des pièces de bois longues d’environ deux coudées (100 cm environ), les assemblent comme des briques et en construisent une coque de bateau en s’y prenant de la manière suivante: ils assujettissent les pièces de bois de deux coudées au moyen de chevilles dures et longues; puis, la coque du bateau construite de cette manière, ils disposent des baux par-dessus; ils ne font point usage de couples; à l’intérieur, les joints sont calfatés avec du papyrus. Il y a un seul gouvernail, qui passe à travers la [quille] ; le mât est fait d’acacia ; les voiles, de papyrus« 

Les anciennes équipes d’archéologues ont « commis quelques erreurs » dans leurs recherches. Ils ont eu quelques difficultés à déchiffrer le texte, faute de preuves archéologiques. « La baris est l’un de ces sujets mystérieux dont la signification a été contestée parce que les scientifiques pensaient à la manière de scientifiques »

Les fouilles autour de cette baris, dénommée bateau 17, dévoilent une longue coque en croissant de lune et un style de construction jamais vu auparavant : des planches épaisses imbriquées grâce à des pièces de bois. Hérodote en avait déjà une description.

D’une longueur initiale de 28 mètres de long, la baris fait partie des premiers bateaux de commerce de grande envergure à avoir été découverts.

« Dans ses descriptions, Hérodote évoque un type de construction semblable à des côtes humaines. Personne ne comprenait vraiment ce à quoi il référait, car la structure n’avait jamais été découverte auparavant. Puis, nous avons découvert cette forme de construction sur ce bateau en particulier et cela correspondait parfaitement aux dires d’Hérodote » ajoute Robinson.

Environ 70% de la coque a survécu grâce aux limons du Nil. Des tenons s’assuraient de maintenir les planches d’acacia entre elles. Certains d’entre eux atteignaient deux mètres de long et passaient à travers différentes virures. Cela formait une véritable cage thoracique au sein de la coque. Le navire était dirigé d’une façon spéciale : le segment de la quille (poupe du bateau) contenait deux ouvertures (puits) qui servaient au passage d’un gouvernail axial.

« Les planches de la coque étaient jointes grâce à des tenons et du mortier. Grâce à cette épave, nous disposons désormais d’un modèle de construction unique, jamais vu auparavant », conclut-il.

Thomas Bagnoli

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