Boris Johnson © BELGAIMAGE

Une semaine décisive pour éviter un Brexit chaotique

Le Vif

Les Européens ont rejeté en l’état l’offre de Boris Johnson pour éviter un divorce chaotique, mais les deux parties sont convenues de se donner une semaine pour décider s’ils ouvrent ou non des négociations, avec à la clé un nouveau report du Brexit.

« Si vous me demandez si ce qui est proposé permet d’engager des négociations, la réponse est non. Il n’y a pas suffisamment de progrès », a déclaré vendredi à l’AFP la porte-parole de la Commission européenne Natasha Bertaud.

Dans le cas où le Premier ministre britannique demanderait une nouvelle prolongation pour le divorce sur cette base, cela lui serait refusé, a ajouté un responsable européen.

Boris Johnson et les partisans du Brexit ont rejeté l’accord négocié entre Theresa May et les 27 Etats membres européen.

Tout en affirmant vouloir sortir avec ou sans accord le 31 octobre, Boris Johnson a fait parvenir jeudi trois documents aux négociateurs européens : un nouveau compromis, une lettre explicative et une proposition de texte juridique que Londres a refusé de rendre publique, mais que les représentants des Etats membres ont été autorisés à consulter, selon des sources diplomatiques.

« Il y a des avancées, mais le compromis présente des difficultés qui ne permettent pas d’entrer dans une négociation », a expliqué le représentant d’un grand Etat membre.

Le projet de Boris Johnson prévoit que l’Irlande du Nord quitte l’union douanière européenne, comme le reste du Royaume-Uni, mais que cette province britannique continue à appliquer les règles européennes pour les biens avec la création d’une « zone de réglementation » sur l’île d’Irlande, sous réserve de l’accord du parlement et de l’exécutif nord-irlandais.

Deux gros problèmes ont été identifiés : le droit de veto donné à l’assemblée provinciale d’Irlande du Nord, jugé « inacceptable » par les 27, a averti cet ambassadeur, et la complexité des propositions britanniques pour éviter le rétablissement d’une frontière entre l’Irlande, membre de l’UE, et l’Irlande du Nord, avec un découplage des contrôles douaniers et réglementaires.

– Un bon plan du « bad boy » –

« Ce n’est pas assez, mais ça suffit pour ne pas être rejeté », a confié un diplomate. « Sous ses airs de bad boy, Boris Johnson a quand même un bon plan », a reconnu un haut fonctionnaire européen.

Les Européens ont donné huit jours aux Britanniques pour modifier leurs propositions. « Nous voulons voir s’ils sont capables d’évoluer sur les problèmes fondamentaux qui ont été identifiés », a expliqué l’ambassadeur.

« La semaine qui vient sera décisive », a-t-il insisté. « Si les Britanniques n’acceptent pas rapidement de modifier leurs propositions , il n’y aura aucune raison de commencer la négociation sur le texte juridique », a-t-il averti.

« Tout doit aller très vite et la négociation doit commencer au début de la semaine prochaine. Nous évaluerons vendredi prochain si un rapprochement a été possible », a dit l’ambassadeur.

« Il ne s’agit pas d’un ultimatum », a-t-il assuré. « Mais la balle est clairement dans le camp des Britanniques et nous ne voulons pas porter le chapeau d’un échec », a déclaré la porte-parole de la Commission européenne.

Boris Johnson veut calmer le jeu. Il ne parle plus « d’une offre à prendre ou à laisser », mais décrit ses propositions comme une « zone d’atterrissage » et incite à poursuivre les pourparlers.

Son conseiller diplomatique David Frost est à Bruxelles depuis jeudi et a déjà eu deux réunions de travail avec les membres de l’équipe du négociateur européen Michel Barnier.

Le Brexit va « empoisonner » le prochain sommet européen les 17 et 18 octobre à Bruxelles, a déploré un diplomate.

« Soit une percée a été constatée dans la négociation, ce qui serait exceptionnel; soit on a dressé un constat d’échec; soit des évolutions ont été enregistrées sans parvenir à un accord mais les Européens estiment que cela vaut la peine de ne pas lâcher », a commenté l’ambassadeur.

Les dirigeants européens devront décider pendant leur sommet si les conditions sont réunies pour accepter un nouveau report de la date de sortie du Royaume-Uni.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a donné le ton vendredi. « Nous n’envisagerons un nouveau délai que si une solution est en vue », a-t-il dit.

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