Boris Johnson et Jeremy Corbyn lors d'un débat télévisé. © AFP

Royaume-Uni: quand le parti conservateur se fait passer pour un site de fact-checking

Le Vif

Le Parti conservateur britannique a été critiqué mardi soir pour avoir renommé l’un de ses comptes twitter, le faisant passer pour un compte de « fact-checking » (vérification de l’information par des tiers) à l’occasion d’un débat télévisé de la campagne des élections législatives.

Le compte du service de presse du siège de campagne du Parti conservateur (CCHQ Press office) a changé de nom pour se rebaptiser « FactcheckUK » durant le débat opposant le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn au Premier ministre conservateur Boris Johnson, commentant les déclarations du leader travailliste et relayant celles du chef conservateur.

Le compte @CCHQLondon est vérifié par Twitter, ce qui tend à prouver l’authenticité du compte. « Il est inapproprié et trompeur pour le service de presse conservateur de renommer son compte Twitter factcheckUK au cours de ce débat. Ne le confondez pas avec un service indépendant de vérification des faits comme @FullFact, @FactCheck ou @FactCheckNI », a réagi sur ce réseau social l’association indépendante de fact-ckecking Full Fact.

Le Parti libéral-démocrate, dans l’opposition, a jugé dans un communiqué que le choix de renommer le compte Twitter semblait « tout droit sorti du manuel de (Vladimir) Poutine ». Cela « montre le mépris que ce parti et ce gouvernement a pour la vérité », a aussi dénoncé sur Twitter David Lammy, un député travailliste.

Le compte Twitter du Parti conservateur a retrouvé son nom peu de temps après la fin du débat.

Johnson et Corbyn s’écharpent lors du débat télévisé

Le Premier ministre britannique Boris Johnson et le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn se sont écharpés mardi soir sur le Brexit, pour leur premier débat télévisé, espérant grappiller quelques voix avant les législatives du 12 décembre. « Mettons fin aux tergiversations et aux retards, à l’impasse et aux divisions », a martelé le chef du gouvernement conservateur, arrivé au pouvoir fin juillet, faisant miroiter à plusieurs reprises sa promesse de campagne de « réaliser le Brexit », trois ans et demi après le référendum de juin 2016 qui a vu les Britanniques voter à 52% pour quitter l’UE.

Il compte sur le scrutin pour obtenir une majorité au Parlement permettant de faire voter l’accord de sortie de l’Union européenne qu’il a laborieusement négocié avec Bruxelles. « Dès que nous ferons passer cet accord au parlement, et nous pouvons le faire dans les prochaines semaines, nous pouvons nous attaquer aux priorités du peuple », a avancé M. Johnson. Le chef du gouvernement s’engage à quitter l’UE d’ici fin janvier, puis à nouer un nouvel accord commercial avec l’UE avant la fin d’une période de transition prévue jusqu’en décembre 2020, un calendrier qualifié d' »absurde » par son rival.

« Vous n’allez pas le faire en quelques mois et vous le savez parfaitement bien », a attaqué M. Corbyn, estimant qu’il lui faudrait « probablement sept ans de négociations pour conclure un accord commercial », soit bien plus que la période de transition prévue. Documents en main, Jeremy Corbyn a en outre accusé Boris Johnson de mener des « réunions secrètes » avec les Etats-unis pour ouvrir en partie à des entreprises pharmaceutiques américaines le service public de santé, le NHS, chéri des Britanniques. « Une invention absolue « , s’est défendu avec véhémence Boris Johnson.

Le leader conservateur l’a attaqué en retour sur son point faible: ses hésitations sur le Brexit. C’est « très clair », lui a rétorqué M. Corbyn: « trois mois pour négocier un accord de Brexit » et « six mois pour (organiser) un référendum » qui soumettra aux Britanniques ce nouvel accord ou l’option de rester finalement dans l’UE. Le chef du Labour, eurosceptique de longue date, a toutefois refusé de dire s’il défendrait le Brexit ou le maintien dans l’Union européenne en cas de nouveau référendum, indiquant simplement qu’il se plierait à la volonté du peuple. Mais l’attaque la plus brutale est sans doute venue d’un spectateur accusant les deux hommes politiques d’abaisser le niveau du débat et se demandant comment on pouvait leur faire confiance.

Autre humiliation pour les candidats: le public, qui comptait des soutiens des deux camps, s’est moqué de chacun d’eux, riant ouvertement à certains de leurs propos.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire