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Réforme du droit d’auteur: « le débat n’oppose pas les créateurs aux géants du numérique »

Le Vif

Les géants du numérique, associés aux militants anti-régulation de l’internet, sont à nouveau mobilisés contre la réforme du droit d’auteur qui revient mercredi devant le Parlement européen. Siada El Ramly, la directrice générale d’EDiMA, l’association qui défend à Bruxelles les intérêts des plateformes en ligne, explique pourquoi.

Les plateformes en ligne ne devraient-elles pas rémunérer les éditeurs de presse pour les informations qu’elles utilisent ?

Je suis entièrement d’accord pour dire que les plateformes en ligne ont certainement un rôle à jouer.

Cela ne signifie pas nécessairement qu’une taxe sur les ‘snippets’ — courts extraits d’articles qui apparaissent sur les moteurs de recherche, ndlr — soit la seule manière de progresser.

Nous avons vu deux exemples d’instauration de droits voisins en Espagne et en Allemagne qui n’ont pas été couronnés de succès. En Espagne, cela a eu un impact négatif sur les petits médias, où nous avons vu de petits éditeurs de presse fermer car ils ne pouvaient pas utiliser les agrégateurs d’information (comme Google News, ndlr). En Allemagne, cela n’a pas eu d’impact positif, soit parce que cela n’a pas permis de réellement créer de nouvelles sources de revenus, soit parce que cela n’a pas soutenu le secteur des médias dans son ensemble. Par conséquent, nous ne pensons pas que cela soit une solution.

Mais n’est-il pas nécessaire d’obliger les grands groupes numériques à contrôler les éventuelles violations des droits d’auteur ?

Disons le très franchement: si les plateformes ont l’obligation de s’assurer qu’un contenu protégé n’apparaît pas, tout ce qui pourrait être perçu comme une violation des droits d’auteur sera supprimé. Par exemple, si je prends une vidéo du spectacle de danse de ma fille et qu’il y a de la musique de fond, l’ensemble de la vidéo devra être retirée de la plateforme sur laquelle elle a été mise.

Ce qui est vraiment dommage, c’est qu’on a présenté le débat en opposant d’un côté les créateurs et de l’autre les géants du numérique. Ce n’est pas le cas. Des centaines d’universitaires sont venus de différentes institutions et ont parlé des implications que la nouvelle directive aura. Vous avez en réalité des artistes des deux côtés avec différentes opinions.

En fait, le problème n’est-il pas que Google et Facebook sont bien trop puissants ?

A vrai dire, cela n’a pas grand-chose à voir avec le fond du problème, avec les vraies questions. L’Europe et l’industrie européenne ont beaucoup bénéficié des plateformes.

Les technologies de l’information permettent la diversité culturelle en ligne, pour que les consommateurs européens aient davantage de choix.

Nous aimerions que cela continue, non seulement pour les grandes entreprises américaines, mais aussi pour les plus petites que nous comptons parmi nos membres, y compris les plateformes européennes.

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