Jeremy Hunt © Reuters

Qui est Jeremy Hunt, l’outsider dans la course au pouvoir britannique?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Face au grand favori Boris Johnson, souvent jugé imprévisible, Jeremy Hunt se présente comme l’option rassurante. Mais le ministre des Affaires étrangères souffre d’une image un peu lisse et d’une réputation de girouette après avoir changé d’avis sur le Brexit. Portrait.

Jeremy Hunt (52 ans), actuel ministre des Affaires étrangères, est le dernier rempart qui se dresse entre Boris Johnson, grand favori, et Downing Street. Lors des différents tours pour éliminer les candidats à la succession de Theresa May, il est toujours arrivé en deuxième position. Chaque fois derrière Boris Johnson, face à qui il veut incarner l’alternative « sérieuse » en mettant en avant ses succès d’entrepreneur et sa longue carrière politique. Ministre depuis 10 ans, il se présente comme quelqu’un de fonceur et de compétent, et qui n’a pas peur de s’atteler à l’épineux dossier du Brexit.

Multidiplômé et entrepreneur accompli

Il a grandi dans une ville bourgeoise au sud-ouest de Londres et fréquenté une école privée. Sorti de l’Université d’Oxford diplômé en politique, philosophie et économie, il travaille ensuite comme consultant en gestion, puis enseigne l’anglais au Japon pendant deux ans.

Dans sa vidéo de campagne, on le voit avec son épouse devant le garage où il a monté sa première affaire en 1990 : « Quand on se lance en tant qu’entrepreneur, on fait de grands rêves puis on se rend compte que c’est un boulot quotidien de juste rester en vie, de payer les factures ». En 2017, il vend ses parts et devient multimillionnaire. « Si vous voulez réussir, vous devez faire preuve de leadership, savoir négocier et avoir confiance en vous » : il estime donc être doté de toutes ces qualités pour mettre en oeuvre la sortie de l’UE.

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De « Remainer » à « Brexiter »

Lors de la campagne pour le référendum sur le Brexit, il avait soutenu le maintien dans l’UE. Avant de changer d’avis fin 2017, déçu par une approche jugée « arrogante » des négociateurs européens. Il a déclaré préférer une sortie sans accord de l’Union européenne, un « no deal », à pas de Brexit du tout. Mais il pense tout de même pouvoir réussir là où Theresa May a échoué : renégocier un meilleur accord avec l’UE, et même avant fin octobre. Il estime par ailleurs qu’un nouveau report du Brexit pourrait être nécessaire si un accord de sortie était à portée de main.

Girouette et « brave »

Son changement de cap sur le Brexit lui a cependant donné une image de girouette, mettant en doute sa fiabilité et la force de ses convictions politiques. Il essaie également de se débarrasser de l’image de « brave type » gardant son calme en toute circonstance. Briguant le poste de chef de gouvernement, il veut désormais se présenter comme un négociateur endurci et une option rassurante face à Boris Johnson souvent jugé « imprévisible ».

Jeremy Hunt sait en tout cas laisser passer les tempêtes. Il est ainsi resté ministre en 2012, gardant son flegme face à des accusations de collusion avec la galaxie médiatique de Rupert Murdoch, éclaboussée par un scandale d’écoutes téléphoniques.

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