16 novembre 2019, Place d'Italie à Paris

Procès d’un policier pour des violences envers les Gilets jaunes à Paris, une première

Le Vif

Pour la première fois depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », un policier doit être jugé jeudi à Paris pour « violences volontaires ». Il a été filmé en train de lancer un pavé vers des manifestants.

Depuis un an et le début de ce mouvement inédit de contestation sociale, les plaintes dénonçant des « violences policières » ont afflué notamment dans la capitale française mais c’est la première fois que l’une d’entre elles aboutit à un procès. Un deuxième doit suivre avant la fin de l’année à Paris.

Cette audience inédite intervient dans un climat tendu, quelques jours après le premier anniversaire du mouvement marqué par une flambée de violences samedi dans certains quartiers de la capitale. Jeudi, c’est un CRS (Compagnies Républicaines de Sécurité) qui doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique n’ayant pas entraîné d’incapacité ».

Sur une vidéo partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux, on le voit entouré d’une dizaine de collègues et de policiers de la Brigade anti-criminalité prendre de l’élan et lancer un pavé en direction des manifestants. Les images ne montrent pas où a atterri le projectile. La scène se déroule le 1er mai, en face de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans le 13e arrondissement de Paris, lors d’une journée d’action de nouveau marquée par de violents heurts dans la capitale. Les faits ont eu lieu vers 17h30, selon Laurent Bortolussi, journaliste de l’agence indépendante Line Press, auteur de la vidéo. « Nous ne devons pas faire l’impasse sur la colère à laquelle les policiers ont été confrontés pendant plusieurs heures ce jour-là », a déclaré à l’AFP l’avocat du fonctionnaire, Me Laurent Boguet, qui souligne que son client était « immergé dans un combat avec des forces actives qui voulaient en découdre avec des policiers ».

Quelques minutes auparavant, un policier avait été gravement blessé au visage après un jet de pavé d’un manifestant, non loin de la scène. « On aura le souci de retranscrire le comportement du fonctionnaire dans un contexte plus général », a ajouté le conseil, qui va plaider la relaxe et récuse tout dérapage. Deux jours après les faits, le préfet de police Didier Lallement avait décidé de saisir l’Inspection générale des services de police nationale (IGPN) dont l’impartialité est régulièrement mise en cause par les « gilets jaunes ».

En tout, ce sont au moins 212 enquêtes qui ont été ainsi confiées à la « police des polices » à Paris, selon le parquet, dont certaines ont abouti à des classements sans suite dénoncées avec force par les blessés ou leur famille. Au total, 372 procédures ont été enregistrées en France après des plaintes contre des forces de l’ordre, selon un décompte du ministère de la Justice transmis à l’AFP. Parmi elles, 109 ont été classées sans suite et 29 ont fait l’objet de l’ouverture d’une information judiciaire. Trois renvois en correctionnelle de fonctionnaires -dont le CRS jugé jeudi- ont été ordonnés. Les autres procédures sont encore en cours de traitement, précise la Chancellerie. Selon le décompte du journaliste indépendant David Dufresne établi avant la journée d’action de samedi dernier, 24 personnes ont été éborgnées depuis le début du mouvement.

Jérôme Rodrigues, l'une des figures du mouvement des Gilets Jaunes, photographié ici le 2 février à Paris. Jérôme Rodrigues a perdu un oeil le 26 janvier, suite à un tir des forces de l'ordre.
Jérôme Rodrigues, l’une des figures du mouvement des Gilets Jaunes, photographié ici le 2 février à Paris. Jérôme Rodrigues a perdu un oeil le 26 janvier, suite à un tir des forces de l’ordre.© Getty Images

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