Marcelo Rebelo de Sousa.

Portugal: Marcelo Rebelo de Sousa, un commentateur vedette devenu président des « selfies »

Le Vif

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, réélu dimanche, est un conservateur modéré, vieux routard de la politique devenu populaire en tant que commentateur et cultivant l’image d’un chef de l’Etat proche des gens.

Un président qui attend patiemment son tour en bermuda dans la queue d’un supermarché, qui n’hésite pas à se jeter à la mer pour venir en aide à deux jeunes filles dont le canoë s’est retourné ou encore à partager un repas avec des sans-abris: les anecdotes se multiplient et ne surprennent plus les Portugais.

Le naturel et la spontanéité sont devenus la marque du chef de l’Etat, toujours prêt à se faire photographier avec ses admirateurs pour une « marselfie », hashtag populaire et néologisme reconnu par certains dictionnaires.

Qu’il s’agisse d’un incendie meurtrier ou d’un succès du sport national: cet homme de 72 ans, au regard bleu pétillant, est souvent le premier à réagir, et même parfois à se rendre sur place au volant de sa voiture, en prenant de court le gouvernement socialiste ou son propre entourage.

Aussi à l’aise dans les milieux du pouvoir qu’avec les plus défavorisés, avec ses allures de monsieur tout-le-monde, il a imposé son style de « président des affects », qui prend le temps d’écouter et réconforter ceux qui sont dans la détresse.

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« Chroniqueur redouté »

Cette proximité en a fait l’un des rares hommes politiques que les Portugais appellent par son prénom, qu’il tient de Marcelo Caetano, témoin de mariage de ses parents et qui, succédant au dictateur Antonio Salazar, a gouverné le Portugal entre 1968 et la Révolution des OEillets de 1974.

Né à Lisbonne le 12 décembre 1948, M. Rebelo de Sousa est issu des élites politiques de l’époque. Son père, médecin, a été ministre et gouverneur colonial sous Caetano.

Etudiant brillant, le jeune Marcelo a obtenu son diplôme de droit avec une moyenne de 19 sur 20, et rêvait depuis son plus jeune âge de diriger son pays. Jeune homme hyperactif, il se rapproche rapidement des milieux les plus modérés du régime qui réclament davantage d’ouverture, et il participe en 1973 à la création de l’hebdomadaire Expresso, dont il devient un des chroniqueurs les plus redoutés.

Sans jamais abandonner sa carrière d’éminent professeur de droit, ce fervent catholique, divorcé et père de deux enfants, se lance dans la politique après l’avènement de la démocratie, en participant à la fondation du Parti social-démocrate (PSD, centre-droit) dont il devient député, avant d’être ministre des Affaires parlementaires.

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« Pas besoin de campagne »

Après un interlude de plusieurs années, il revient sur le devant de la scène en 1996, quand il prend les rênes du PSD, alors dans l’opposition. Pourtant, à quelques mois des élections législatives de 1999, il manque sa chance en jetant l’éponge après l’échec d’un projet de coalition de droite.

« J’ai connu plus d’échecs que de victoires, donc je relativise toujours. Quand j’ai perdu, ce n’était pas la fin du monde. Et quand j’ai gagné, je ne me suis pas pris pour le meilleur », avait-il déclaré récemment, en réponse aux critiques qui l’accusaient de ne pas s’impliquer assez dans la campagne qui devait sceller sa réélection.

« Marcelo Rebelo de Sousa n’a pas vraiment besoin de faire campagne. Il a lui-même l’habitude de dire qu’il est en campagne depuis vingt ans », explique la politologue Paula Espirito Santo, de l’université de Lisbonne. Car cet électron libre de la vie politique est parvenu à asseoir solidement sa popularité, au-delà même de son camp conservateur, grâce à une longue carrière de commentateur vedette de la politique à la télévision qu’il n’a abandonnée que pour devenir président.

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