Viktor Orban et Angela Merkel © Getty

« Nulle part, les valeurs libérales n’ont autant reculé que dans les plus jeunes États membres de l’UE »

Trente ans après la première brèche dans le rideau de fer, la pression sur la démocratie en Europe centrale et en Europe de l’Est à nouveau élevée.

En début de semaine prochaine, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre hongrois Viktor Orban se retrouveront dans la ville frontalière hongroise de Sopron pour commémorer les 30 ans de l’ouverture de la frontière avec l’Autriche. Il s’agissait d’une étape dans une série d’événements qui ont conduit à la chute du mur de Berlin début novembre 1989 et, finalement, à l’effondrement du communisme en Europe. Cet été-là, des milliers d’Allemands de l’Est ont afflué dans le pays le plus libéral du bloc de l’Est, la Hongrie, espérant pouvoir partir pour l’Autriche et l’Ouest. La pression étant devenue trop forte, les ministres hongrois et autrichien des Affaires étrangères ont symboliquement percé un premier trou dans le rideau de fer dès la fin du mois de juin.

La rencontre à Sopron est remarquable parce que Merkel a elle-même grandi dans l’ancienne Allemagne de l’Est. Mais surtout parce qu’elle commémore l’ouverture du rideau de fer avec un homme qui fait tout son possible pour démanteler les institutions démocratiques dans son pays. Dans d’autres pays d’Europe centrale et de l’Est, la démocratie et l’État de droit subissent de fortes pressions, alors qu’ils sont désormais tous membres de l’Union européenne et de l’OTAN. Il est même prouvé que ces dix dernières années, nulle part les valeurs démocratiques et libérales ne se sont autant détériorées que dans les États membres les plus jeunes de l’UE.

Mais ce n’est pas tout. Orban est solidement installé sur son siège et, en Pologne, le parti conservateur au pouvoir, Droit et Justice, sera sans aucun doute en mesure de continuer à gouverner. Mais en Slovaquie, en Lettonie et en Lituanie, des candidats modérés et pro-européens ont remporté les élections ces derniers mois. À Prague, Bucarest et Sofia, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour manifester contre la corruption et pour l’Europe. En Ukraine, le néophyte Volodymyr Zelensky est devenu président avec un programme pro-européen contre la corruption, et même à Moscou, les manifestations sont nombreuses. Les jeunes et un nombre frappant de femmes y jouent souvent un rôle important.

L’hebdomadaire The Economist évoque même prudemment un  » été en Europe de l’Est « , dans la lignée du printemps arabe d’il y a une bonne décennie. Espérons que cela se termine bien. Parce que l’Europe de l’Ouest observe la situation en se tordant les mains. Les organisations européennes ne coopèrent pas non plus. Regardez, par exemple, la manière dont Orban est traité avec des gants au sein du puissant Parti populaire européen. L’Europe a un rôle à jouer. Elle pourrait et devrait soutenir davantage les médias indépendants et les nouveaux mouvements de citoyens pro-européens en Europe centrale et orientale.

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