Charles Michel en visite en France reçu par Emmanuel Macron, le 11 novembre 2018, pour le centenaire de l'Armistice © Belga

Macron en Belgique, une visite rare pour cultiver les relations de bon voisinage

Le Vif

Emmanuel Macron est attendu lundi à Bruxelles, non pas pour un sommet européen comme à l’habitude, mais pour une rare visite d’Etat qui vise à approfondir les bonnes relations franco-belges.

Ce déplacement de deux jours aurait pu être assombri par la vive déception exprimée par la France après la récente décision de la Belgique d’acheter des avions de chasse américains F-35 au lieu d’appareils européens.

Mais Paris veut tourner la page. « C’est un choix souverain du gouvernement belge » et « il n’appartient pas à la France de le commenter en détail », a affirmé l’Elysée en présentant la visite.

L’amertume a été en partie effacée par l’annonce par Bruxelles de l’achat de plus de 400 blindés français pour environ 1,5 milliard d’euros.

Entre ces deux pays voisins, les frictions sont d’autant plus visibles qu’elles sont rares. De fait, les relations bilatérales sont « excellentes », résume Paris.

Cette proximité semble presque trop évidente pour être fréquemment célébrée. Ainsi, les deux capitales sont bien en peine de retrouver le souvenir d’une précédente visite d’Etat, le plus haut niveau protocolaire.

Pour les Belges, elle remonte à près d’un demi-siècle, lors de la venue de Georges Pompidou en 1971. Mais le protocole français l’a classée parmi les visites officielles et non d’Etat. « En tout cas, c’est rare, sinon unique » qu’un président effectue « une visite approfondie » en Belgique, souligne l’Elysée.

Pour Emmanuel Macron, elle s’inscrit aussi dans sa tournée de tous les pays de l’Union européenne: il en a déjà visité 19 sur 27 depuis son arrivée au pouvoir il y a un an et demi.

Etape à Molenbeek

Accompagné de son épouse Brigitte, il sera accueilli lundi en fin de matinée par le roi Philippe et la reine Mathilde, devant le Palais royal à Bruxelles.

Avant un banquet royal le soir, les deux couples visiteront le musée des Beaux-Arts de Gand pour admirer l’ambitieuse rénovation d’un chef-d’oeuvre mondialement connu, « L’Agneau mystique », peint au début du XVe siècle par les frères Van Eyck. Cela donnera l’occasion à Emmanuel Macron de saluer la Flandre, dont les liens sont moins proches avec la France, essentiellement pour des raisons linguistiques.

Il abordera à Bruxelles les dossiers frontaliers, politiques et économiques avec le Premier ministre Charles Michel, le libéral francophone qui dirige depuis 2014 un gouvernement de coalition de centre droit.

Agés de 40 et 42 ans, les deux hommes affichent très souvent leur bonne entente lors des conseils européens. Ils devraient défendre d’une même voix le camp progressiste au sein de l’UE en répondant mardi aux questions de 800 étudiants à l’université de Louvain-la-Neuve, en Wallonie.

L’étape la plus symbolique est une visite mardi matin à Molenbeek, une commune de l’agglomération bruxelloise devenue aux yeux du monde un fief de jihadistes après les attentats parisiens de novembre 2015 car plusieurs de leurs auteurs en étaient originaires.

Emmanuel Macron et le roi Philippe y seront accueillis à l’espace de coworking LaVallée, qui héberge environ 150 jeunes artistes et entrepreneurs des métiers de la culture.

Cette rencontre avec des acteurs associatifs est l’occasion de « dépasser une image parfois simpliste, caricaturale qui a pu être donnée » après les attentats, et parfois « mal reçue en Belgique », selon l’Elysée.

Emmanuel Macron terminera son déplacement par une rencontre avec une partie des quelque 250.000 Français installés outre-Quiévrain. Ils sont étudiants, entrepreneurs, fonctionnaires de l’UE ou de l’Otan, avec une moyenne d’âge inférieure à 40 ans et un profil souvent très éloigné de celui de l’évadé fiscal qui avait été vilipendé en France il y a quelques années.

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