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Les Vingt-sept veulent accentuer encore l’action extérieure pour le contrôle migratoire

Le Vif

Les pays de l’Union européenne, qui ne parviennent pas à s’accorder sur un projet de Pacte sur la migration et l’asile, ont insisté jeudi sur l’action extérieure pour le contrôle migratoire, tout en dénonçant l’instrumentalisation du passage des réfugiés vers l’Europe par des pays voisins.

Le sujet n’aura été abordé que quelques minutes au cours du sommet des chefs d’État et de gouvernement, ce jeudi à Bruxelles. Les conclusions, préparées par les équipes diplomatiques, ont été diffusées dans la foulée.

Les chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont affirmé leur volonté d’intensifier les partenariats et la coopération avec les pays d’origine et de transit des migrants et réfugiés, à travers une approche « pragmatique, flexible et taillée sur mesure », notamment via des incitants et « tous les instruments disponibles de l’Union européenne et des États membres », une formulation qui laisse une large marge de manoeuvre aux capitales.

Viser les causes originelles des déplacements

Il s’agit aux yeux des Vingt-sept de viser les causes originelles des déplacements, mais aussi de soutenir l’accueil des réfugiés et des personnes déplacées dans la région du pays qu’ils fuient. Pour ce faire, les Européens veulent soutenir la construction d’infrastructures pour la gestion de la migration, éradiquer les trafics d’êtres humains, renforcer le contrôle aux frontières, mais aussi coopérer aux opérations de recherche et de sauvetage, ou encore garantir les retours et réadmissions.

La Commission et le Haut représentant Josep Borrell sont appelés à « renforcer immédiatement », avec les États membres, les actions concrètes avec les pays prioritaires d’origine et de transit. Ils devront aussi présenter d’ici l’automne un plan d’action pour ces pays prioritaires, avec des objectifs clairs, des mesures de soutien supplémentaires et un agenda. La Commission a déjà entamé un travail en ce sens.

Par ailleurs, les dirigeants européens ont condamné et rejeté « toute tentative par des pays tiers d’instrumentaliser des migrants pour des raisons politiques ». Cette remarque, déjà faite par le passé à l’égard de la Turquie dont le président Erdogan avait menacé d’ouvrir les frontières début 2020, est ici dirigée contre la Biélorussie.

Ouverture des frontières

Son président Alexander Loukachenko, visé par de lourdes sanctions après le détournement d’un avion Grèce-Lituanie fomenté pour arrêter un opposant politique et sa compagne, a été accusé par la Lituanie de laisser passer illégalement les réfugiés du Moyen-Orient vers ce pays pour se venger du soutien du gouvernement lituanien à l’opposition bélarusse.

Les Vingt-sept soutiennent aussi de la sorte l’Espagne, après que le Maroc eut ouvert ses frontières, à partir de la mi-mai, à quelque 8.000 personnes qui sont arrivées à Ceuta, en raison de la position de Madrid sur le Sahara occidental – région indépendantiste ennemie de Rabat – et des soins apportés dans un hôpital espagnol au chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario Brahim Ghali, qui a depuis quitté l’Espagne.

Plus tôt dans la journée, le président du Parlement européen David Sassoli avait fustigé l’incapacité des Vingt-sept à trouver des accords sur une répartition solidaire des réfugiés – autre que par des appels à la bonne volonté de certains États – et sur l’organisation d’opérations de sauvetage en mer.

Il avait aussi dénoncé l’argument d’un trop grand nombre de capitales, pour qui les élections dans leur pays empêcheraient d’aboutir à un accord européen. « À les entendre, ce n’est jamais le bon moment. Mais depuis combien d’années entendons-nous cela? » « D’un point de vue moral, il n’est pas acceptable que la migration et l’asile soient liés à des enjeux et des sensibilités électorales dans les États membres », avait martelé l’Italien lors de la conférence de presse qui a suivi sa participation au sommet.

Une politique migratoire européenne

Invité à partager la table des dirigeants européens en début de réunion, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait lui aussi appelé à une position commune de l’UE sur l’asile et la migration, deux ans après l’adoption du pacte de Marrakech. « Il serait très important, dans mon opinion, d’avoir une politique migratoire européenne, qui règle la solidarité de tous les pays européens. Mais pour cela, on doit avoir une nouvelle vision de la migration », a dit M. Guterres.

Il a appelé les pays de l’UE « à se rassembler et établir des formes de coopération dans tous les aspects, y compris la prévention et la coopération au développement dans les pays d’origine, pour faire en sorte que la migration devienne un choix. » « Toutes nos sociétés deviennent multiethniques, multi-religion, multiculturelles. La diversité est une richesse, pas une menace », a-t-il ajouté.

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