Jean-Claude Juncker pourrait voir son mandat prolongé afin de donner plus de temps aux négociations. © THIERRY MONASSE/GETTY IMAGES

Les coulisses du mercato de l’Union européenne

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

La question du Brexit plaide pour une Commission forte, donc avec un grand format à sa tête, estime un diplomate.

Y aura-t-il, avant la fin du mois, une fumée blanche dans le ciel européen ? Les chefs de file des socialistes et des libéraux-centristes Renew Europe ont recalé le conservateur bavarois Manfred Weber, candidat du Parti populaire européen (PPE) au poste de président de la Commission européenne. Paris (Emmanuel Macron) et Madrid (Pedro Sanchez) l’ont voulu ainsi. Du coup, les deux autres prétendants des partis pour succéder à Jean-Claude Juncker, le socialiste néerlandais Frans Timmermans et la libérale danoise Margrethe Vestager, n’ont pas recueilli, eux non plus, de majorité sur leur nom.

En cas de désaccord…

Un sommet extraordinaire a été convoqué le 30 juin. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union doivent s’accorder pour éviter de se faire  » doubler  » par le Parlement européen, qui désignera son propre président le 2 juillet, jour de sa première session plénière. Mais il se dit déjà, en coulisse, que si le désaccord persiste, la Commission Juncker, en fonction jusqu’au 31 octobre, pourrait voir son mandat prolongé jusqu’au 1er janvier 2020, afin de donner plus de temps aux négociations. Juncker aurait déjà prévenu ses commissaires de ne pas se préparer à partir.

Les têtes de liste s’étant toutes brûlé les ailes, d’autres noms circulent pour le poste de président de la Commission. Plusieurs femmes sont citées : Kolinda Grabar-Kitarovic, la présidente croate, Dalia Grybauskaite, la présidente lituanienne et ancienne commissaire européenne, Kristalina Georgieva, la directrice bulgare de la Banque mondiale et ancienne commissaire elle aussi, Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international… Car le grand mercato des top jobs européens devrait, en principe, respecter un strict équilibre de genre.  » Une certitude, remarque un diplomate : si le candidat retenu n’est pas un grand format politique, la future Commission sera faible, ce qui n’est pas souhaitable alors que le question du Brexit reste en suspens et que la montée du populisme en Europe fragilise l’Union.  »

Le choix du président de la Commission est étroitement lié à celui du président du Conseil. Si le PPE continue à revendiquer la succession de Juncker (Weber lui-même n’a pas jeté l’éponge et appelle le Parlement à le soutenir), les libéraux-centristes réclameront la présidence du Conseil (pour Charles Michel ?). Selon ce schéma, les socialistes, eux, obtiendraient la fonction de chef de la diplomatie européenne et se partageraient les cinq années du mandat de présidence du Parlement avec les Verts (deux ans et demi au perchoir chacun).

Merkel et la soupe aux pommes de terre

Autre scénario évoqué par certains : sollicitée par plusieurs chefs d’Etat, Angela Merkel finirait par accepter la présidence du Conseil.  » Il faudrait une situation d’urgence européenne pour qu’elle cède, estime toutefois la journaliste Marion Van Renterghem, auteure d’une biographie de la chancelière. L’un de ses conseillers m’a assuré qu’elle n’accepterait jamais de fonction internationale. Un poste de représentation ne l’intéresse pas. Elle préfère mettre ses mains dans le cambouis, convaincre en tête à tête. Telle que je la connais, une fois achevé son mandat de chancelière, elle ira marcher en montagne et fera de la soupe aux pommes de terre.  »

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