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Incendie d’une usine Seveso: à Rouen, les produits frais locaux n’ont plus la cote

Le Vif

« Elles ont été récoltées avant le nuage vos pommes ? « : devant les étals de produits frais rouennais, les clients sont méfiants, les ventes en berne et les produits locaux n’ont plus la cote, une semaine après l’incendie spectaculaire de Lubrizol.

« Je n’achète plus de local si ça n’a pas été produit avant la catastrophe », poursuit cette rouennaise, Anne Thibaud, 69 ans, une des rares clientes sur le marché de la place Saint-Marc à Rouen ce vendredi matin, interrogée par l’AFP.

La vendeuse de pommes a beau expliquer que ses produits « ne sont pas impactés » car ils « n’ont pas été sous » le panache de fumée, elle ne vendra pas de légumes à cette cliente. Son exploitation, « Les jardins d’Agnès » produit à Jumièges, à 25 kilomètres à l’ouest de Rouen alors que le panache de fumée de 22 kilomètres créé par l’incendie de l’usine Seveso le 26 septembre est parti vers le Nord-Est. L’exploitation n’est donc pas concernée par l’interdiction de commercialisation des productions agricoles prononcée par le préfet pour 112 communes.

Résultat, les ventes de « Les jardins d’Agnès » baissent. « Dimanche, on n’a pas fait un quart de notre chiffre d’affaires », explique Agnès Mégane, la productrice.

En face, Jean-Jacques Malhouitre, producteur bio du Bocasse, à une vingtaine de kilomètres au nord de Rouen, affiche 20% de ventes en moins, alors qu’il n’est pas concerné non plus par l’arrêté préfectoral.

Un peu plus loin de l’autre côté de la célèbre cathédrale de Rouen, sur la place du Vieux Marché, « c’est la misère », confie Abdou Chebbi qui vend des fruits et légumes venant aussi bien de Brionne, à 40 km au sud-est de l’agglomération normande, que de PACA. « Il est 11h00 et j’ai zéro vente. C’est comme ça depuis une semaine. J’ai jeté beaucoup beaucoup de marchandises », se désole ce vendeur. A quelques pas de là, un homme de passage sur la place fait la grimace et repositionne son masque de papier sur son nez. L’odeur incommode voire rend malade les Rouennais de façon récurrente depuis la catastrophe.

A quelques centaines de mètres de là, l’épicerie Biocoop, un réseau qui prône les circuits courts, prépare une plainte. « Personnellement ça me met colère. Nos clients le sont aussi. C’est complètement rageant. Toutes les initiatives depuis des années pour relocaliser l’agriculture sont balayées par cet accident terrible », déplore Guillaume Martin, le gérant de ce magasin de neuf salariés qui affiche 20 à 30% de baisse de chiffre d’affaires depuis l’incendie.

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