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Grèves en France: semaine à haut risque pour Macron, avant un blocage pour les fêtes

Le Vif

Une semaine à très haut risque s’ouvre en France pour le gouvernement à la veille d’une nouvelle manifestation nationale, sans aucun compromis en vue sur la réforme contestée des retraites permettant de sortir du blocage des transports à quelques jours de Noël.

Dimanche, gouvernement et syndicats se sont renvoyé la responsabilité d’une éventuelle paralysie du pays pendant les fêtes de fin d’année. « Si le gouvernement retire son projet et (qu’)on discute sérieusement sur comment améliorer le système (…) eh bien tout se passera bien. Sinon, les grévistes décideront de ce qu’ils ont à faire jeudi ou vendredi », a déclaré Philippe Martinez, le numéro 1 de la CGT – syndicat majoritaire à la société des chemins de fer SNCF – , à cinq jours du début des congés de fin d’année.

Réponse quelques instants après du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin: « La République ne peut pas subir de chantage ».

Lundi s’annonce comme une nouvelle journée noire dans les transports: en plus des transports publics toujours très perturbés et des embouteillages, il faudra compter avec des opérations escargot et des blocages des routiers, à l’appel de quatre syndicats, sur un mot d’ordre distinct réclamant de meilleures conditions de travail.

Côté transports publics, le trafic ferroviaire sera perturbé avec un train à grande vitesse (TGV) sur 3 et quatre trains régionaux sur 10 en moyenne, la SNCF mettant surtout en garde pour mardi, « où le trafic sera plus réduit du fait de l’appel syndical à manifester ».

A Paris et dans sa région, le métro restera « très perturbé » lundi avec 8 lignes fermées et la moitié des autobus le seront aussi.

Pour les fêtes, la SNCF prépare d’ores et déjà un « plan bis » en cas de prolongation de la grève des cheminots.

L’entreprise ferroviaire doit informer individuellement mardi les usagers sur le maintien ou l’annulation de leur train pour le premier week-end des vacances scolaires. La directrice générale de Voyages SNCF Rachel Picard a promis d' »essayer d’accomplir des miracles » pour proposer d’autres horaires de départ en cas d’annulation. Mais la moitié des voyageurs resteraient néanmoins sur le carreau.

Nouveau test mardi

La journée de mardi sera décisive. C’est en effet l’ensemble des syndicats qui appellent désormais à la grève et à la manifestation, y compris les organisations réformistes, comme la CFDT – premier syndicat de France – la CFTC, l’Unsa ou les étudiants de la Fage.

Ces organisations sont furieuses que le Premier ministre ait maintenu une mesure d’âge dans son projet de transformation des 42 régimes de retraite existants en un système universel par points.

La fixation d’un « âge d’équilibre », de 64 ans en 2027, signifie que chacun pourra continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais au prix d’un malus sur sa pension, ceux partant après bénéficiant au contraire d’un bonus. Il s’agit d’encourager l’allongement des cotisations pour faire des économies et maintenir l’équilibre financier du système.

C’est une « ligne rouge » pour Laurent Berger, le patron de la CFDT. « Pour que la CFDT porte un autre regard sur ce projet de loi, le gouvernement doit accepter de retirer l’âge d’équilibre. Un point, c’est tout », a-t-il tranché dimanche.

Il s’est dit néanmoins soucieux d’une trêve de la grève des transports à Noël.

Quant à l’ouverture de nouvelles concertations, M. Berger a laissé entendre qu’il s’y rendrait. Reste à savoir quand elles auront lieu, sans doute pas avant la mobilisation de mardi.

Outre les cheminots, les enseignants, les fonctionnaires, les avocats et magistrats, les internes, médecins et soignants sont attendus dans la rue mardi.

La sortie de crise s’annonce difficile, alors que le « Monsieur Retraites » du gouvernement, Jean-Paul Delevoye, est de plus en plus fragilisé par des soupçons de conflits d’intérêts qui pèsent sur lui.

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