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Entre crainte et espoir, la relation paradoxale des citoyens envers l’UE

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Trois Européens sur dix pensent qu’un conflit entre pays européens est réaliste, jusqu’à provoquer la fin de l’Union d’ici vingt ans. Pourtant, la plupart estiment que les citoyens seraient perdants si c’était le cas.

Plus de la moitié des Européens pensent que la désintégration de l’UE est une « possibilité réaliste » dans les 10 à 20 prochaines années. Selon une enquête, commandée par le thinktank Conseil européen des relations internationales et relayée par The Guardian, 58 % des Français estiment que l’UE risque de s’effondrer d’ici 20 ans, juste derrière la Slovaquie (66 %). Sur les 14 pays sondés par YouGov, il n’y a qu’en Suède (44 %), au Danemark (41 %) et en Espagne (40 %) que cette proposition n’atteignait pas la majorité.

Craintes diverses

Près d’un tiers des électeurs français et polonais estiment également qu’une guerre entre certains pays membres est possible. Ce sentiment est particulièrement fort chez ceux qui prévoient de s’abstenir ou de voter pour des partis extrémistes lors des élections européennes, qui auront lieu dans les différents pays membres du 23 au 26 mai. Pourtant, la grande majorité estime que les citoyens seraient perdants si l’UE venait à disparaitre. Les principales raisons évoquées sont le commerce, la capacité de voyager et les facilités pour travailler dans d’autres pays membres.

Ces tendances reflètent les préoccupations suscitées par les élections à venir, basées sur les avertissements des dirigeants européens et l’émergence de gouvernements populistes dans plusieurs États membres. Avec des partis extrémistes promis au succès, le Parlement européen devrait être plus divisé, augmentant le risque de paralysie institutionnelle et démocratique.

Un fossé s’est également creusé entre l’Est et l’Ouest des États membres, analyse The Guardian. Des sujets divisent les pays, comme la politique de l’immigration ou le non-respect de l’État de droit. En Europe, les trois quarts des électeurs pensent que la politique est défaillante soit au niveau national, soit au niveau de l’UE, soit les deux.

Sentiments divisés

L’unification européenne n’est cependant pas le seul sujet qui inquiète les Européens. Autre sujet de préoccupation : l’affaiblissement de la prospérité. Seulement un tiers des Allemands et un quart des Italiens et des Français déclarent avoir encore de l’argent à la fin du mois pour leurs loisirs, par exemple.

Selon les dernières statistiques de l’Eurobaromètre, deux tiers des Européens ont cependant des sentiments positifs envers l’UE, le score le plus haut niveau enregistré depuis 1983. Le directeur du Conseil européen des relations internationales, Mark Leonard, estime que c’est le rôle des partis pro-européens de convaincre les citoyens que l’UE peut toujours leur apporter quelque chose de bien : « les pro-Européens doivent offrir aux électeurs des idées de changement audacieuses qui résonnent émotionnellement et font sentir à la majorité silencieuse que ça vaut la peine de se rendre aux urnes. Il n’est pas encore trop tard ».

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