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Des instituts poussent Bruxelles à modifier la loi sur le génie génétique

Stagiaire Le Vif

Avec une lettre de protestation, plus de cent instituts veulent persuader L’Union européenne d’adopter la nouvelle génétique « verte ».

Plus de cent instituts de recherche sur les plantes veulent persuader l’Union européenne de l’utilité de la génétique CRISPR-Cas. CRISPR-Cas est une méthode de manipulation du génome qui permet de modifier le génome de façon ciblée, simple et rapide. Il devient ainsi relativement abordable de neutraliser des gènes et des séquences ADN ou de les remplacer pour ajouter de nouvelles caractéristiques. Comme les séquences CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats) sont présentes dans quasiment tous les organismes vivants, la méthode CRISPR-Cas comporte de nombreuses applications. Cette méthode est une forme du Genome Editing (Edition génétique) comme les deux autres ciseaux biomoléculaires : ZFN et TALEN.

La Cour de Justice l’Union européenne (CJUE) – a décidé que des plantes manipulées par les ciseaux biomoléculaires CRISPR-Cas tombent sous la loi sur le génie génétique. Les obtenteurs européens ont donc été soumis à des contraintes qui ne seraient pas justifiées scientifiquement. Pour cela des chercheurs des 116 institutions européennes demandent auprès du Parlement européen et de la Commission européenne une modernisation de la loi sur le génie génétique européenne. Dans une interview avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Holger Putcha, professeur en biologie moléculaire des plantes et biochimie à l’Institut de technologie à Karlsruhe, explique la revendication d’un changement de la loi.

D’après les chercheurs, la décision de CJUE n’est pas logique pour deux raisons : premièrement parce que la mutagenèse classique n’est pas comprise dans cette régulation bien que ces plantes sont considérées comme organismes génétiquement modifiés (OGM) par la CJUE. Les plantes modifiées par une mutation ciblée et planifiée par les ciseaux biomoléculaires sont soumises à des régulations plus strictes. Deuxièmement parce qu’il n’est pas possible de prouver si une marchandise importée a été manipulée par la procédure CRISPR-Cas car il n’y a pas des moyens pour distinguer les mutations naturelles et induites. C’est pareil pour l’autorisation des nouvelles espèces.

Les chercheurs indiquent que cette technologie pourrait favoriser le développement durable en réduisant l’utilisation des pesticides dans l’agriculture ou même en créant des plantes mieux adaptées au changement climatique. De plus, l’Europe rate le coche scientifique, mais aussi économique. Selon des scientifiques européens et non européens, les plantes produites avec CRISPR-Cas ne causent pas des risques plus élevés que les espèces classiques ou les espèces manipulées par la mutagenèse.

Il est possible qu’on modifie la loi de sorte que seules les plantes dont le génome diffère clairement des espèces naturelles seront concernées par la régulation d’OGM. Ce sera donc le produit final et non la procédure de production qui sera classifiée.

Un avantage des ciseaux biomoléculaires est que l’application est si facile qu’ils sont utilisés par de nombreuses start-up : elles font évoluer les technologies modernes et font contrepoids aux groupes agricoles multinationales. Le problème en Europe est que ces petites entreprises ne sont pas capables de gérer les frais occasionnés par la loi sur le génie génétique.

Les chercheurs espèrent démontrer qu’actuellement CRISPR-Cas est l’une des technologies les plus « vertes » et n’est pas comparable aux méthodes d’entreprise globales comme Monsanto ou l’utilisation des pesticides. Ils sont convaincus qu’il est possible d’améliorer le développement durable de l’agriculture avec quelques petites modifications d’une façon quasiment identique à la nature.

Greta Pralle

Source: F.A.Z.

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