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Critiqué, Boris Johnson détaille son plan de déconfinement par étapes

Le Vif

Critiqué pour le flou de sa stratégie de déconfinement, le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est employé lundi à détailler un plan d’assouplissement par étapes, sans lever toutes les ambiguïtés et en avertissant qu’il n’aurait « aucune hésitation » à revenir en arrière si besoin.

A l’heure où plusieurs pays ont commencé à relâcher la pression, le chef du gouvernement est intervenu dimanche soir à la télévision pour prolonger jusqu’au 1er juin le confinement décrété fin mars, avec de légers aménagements et des perspectives d’assouplissement pour la suite. Confus sur les modalités de reprise du travail, mettant en danger les travailleurs les plus modestes, jugé prématuré par les autorités écossaises et les syndicats enseignants, dénoncé par le secteur aérien pour son projet de quarantaine pour les voyageurs… Ce plan a suscité aussitôt un feu nourri d’attaques, des syndicats à la presse conservatrice.

Après la publication par son gouvernement d’un plan en trois étapes détaillé en une cinquantaine de pages, Boris Johnson s’est expliqué lundi pendant plus d’une heure devant les députés, sans cependant lever toutes les inconnues. « Notre défi est de trouver un moyen d’aller de l’avant en préservant les gains durement obtenus, tout en allégeant le poids du confinement. Je serai franc: c’est un équilibre extrêmement difficile à trouver », a-t-il reconnu.

u003cstrongu003eSi les données vont dans le mauvais sens (…) nous n’aurons aucune hésitation à freiner, à retarder des mesures ou en réintroduire d’autres, à l’échelle locale, régionale ou nationaleu003c/strongu003e

« Il y a beaucoup de questions et peu de réponses », a dénoncé au Parlement le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer, estimant qu' »à la fois la clarté et les réassurances sont limitées ».

Coiffeurs en juillet au plus tôt

Selon le plan du gouvernement prévu pour l’Angleterre mais critiqué par les autres régions, Écosse en tête, les citoyens britanniques pourront à partir de mercredi se promener, bronzer ou se rendre sur les plages et dans la nature. Ils devront cependant rester à distance les uns des autres et il leur est recommandé de porter des masques dans les transports et les commerces.

Si le télétravail est toujours recommandé, ceux qui ne peuvent pas travailler de chez eux – notamment dans les usines et chantiers de construction – sont en revanche encouragés à se rendre au travail.

Une quarantaine est prévue pour les voyageurs arrivant de l’étranger, sauf l’Irlande et la France, mais aucune date n’a été donnée.

Dans un deuxième temps, à partir du 1er juin et en cas de progrès dans la lutte contre la pandémie, les écoles primaires et certains commerces pourront rouvrir, la saison sportive redémarrer à huis-clos et chaque foyer aura le droit d’en fréquenter un autre.

Troisième étape à partir du 4 juillet: rouvrir les pubs, les coiffeurs, les lieux de culte et les cinémas.

L’Écosse « pas convaincue »

La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a d’ores et déjà fait savoir que ces annonces ne s’appliquaient pas à sa région: « Le gouvernement écossais n’est pas encore convaincu que ces changements puissent être faits de manière sûre en Écosse sans courir le risque de voir le virus potentiellement redevenir hors de contrôle ».

Le Royaume-Uni est le deuxième pays le plus endeuillé au monde par le nouveau coronavirus après les États-Unis, avec 32.065 morts en hôpitaux et dans les maisons de retraite. Dans l’enseignement, les syndicats sont vent debout contre le retour des élèves en juin. Et l’inquiétude est forte concernant le retour de certains au travail dès mercredi faute de consignes claires, d’autant que les professions peu qualifiées sont les premières concernées malgré une mortalité déjà plus élevée, selon une étude du Bureau national des statistiques.

« Il faut être un génie pour comprendre ce qu’il faut faire », a critiqué Pete Elliott, rencontré dans les rues de Londres. « Cela reste très confus sur qui doit aller travailler et ce qu’il faut faire si on a des enfants », a renchéri Alexandra Logan, une responsable marketing. Prenant les devants, la régie des transports londoniens, TfL, a demandé lundi aux passagers de se couvrir le visage, tout en travaillant à une augmentation de la cadence des dessertes.

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