Coronavirus: quatrième décès en France qui passe la barre des 200 cas

Le Vif

La France a annoncé mardi un quatrième décès lié au nouveau coronavirus et les autorités se préparent à une nouvelle intensification de l’épidémie qui a dépassé les 200 cas, soit un doublement en trois jours.

Il y a encore une semaine, le pays ne comptait que 12 cas, principalement liés à des patients passés par la Chine. Mais avec l’émergence de foyers hors de Chine, l’épidémie a connu depuis une brusque accélération dans l’Hexagone, atteignant samedi soir 100 cas confirmés depuis fin janvier, puis 212 ce mardi en soirée.

Alors que nous sommes « dans une phase qui va durer des semaines et même sans doute des mois, il est indispensable d’avoir la clarté, la résilience, le sang-froid et la détermination pour freiner d’abord l’épidémie — ce que nous sommes en train de faire — et puis lutter contre celle-ci », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une visite au centre de crise du ministère de la Santé, appelant à « faire bloc ».

« Nous devons tous avoir conscience que nous sommes et serons mobilisés dans la durée, mais nous sommes prêts et je sais que nous aurons cette force de relever ce défi », a-t-il assuré.

La France est l’un des principaux foyers du nouveau virus en Europe, avec l’Italie et l’Allemagne. Elle compte désormais quatre décès, avec la mort mardi d’un nonagénaire dans le Morbihan, un des trois foyers importants de propagation de l’épidémie en métropole.

Le troisième décès, annoncé lundi, est une femme de 89 ans « testée en post-mortem à l’hôpital de Compiègne », qui « avait d’autres pathologies », selon le N.2 du ministère de la Santé, Jérôme Salomon.

Les deux premiers étaient un touriste chinois octogénaire puis un enseignant de 60 ans résidant dans l’Oise, principal foyer de contamination.

Masques

Outre l’Oise, qui compte au moins 64 cas, d’autres regroupements géographiques de cas sont recensés autour de La Balme-de-Sillingy en Haute-Savoie, dans quatre communes du Morbihan et parmi les participants à un voyage organisé en Egypte.

Depuis ce week-end, des mesures plus contraignantes ont été prises pour empêcher une propagation plus large. Elles correspondent au passage en phase 2 (sur 3) de la lutte contre l’épidémie.

Ainsi, une « bonne centaine » d’écoles, collèges et lycées sont fermés en France, essentiellement dans l’Oise et le Morbihan, selon le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Cela concerne « environ 35.000 élèves dans l’Oise », et « 9.000 dans le Morbihan ».

Face à cette situation, les Français inquiets se précipitent sur les masques et les gels hydroalcooliques. La Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) va enquêter sur les fortes augmentations des prix de vente de ces produits constatées depuis l’apparition de l’épidémie.

Gel hydroalcoolique ou masques, « je n’en ai plus depuis 15 jours, bien avant que des cas ne se déclarent dans le Morbihan », a commenté Céline Fourel, pharmacienne dans une des communes touchées.

Alors que l’OMS a alerté sur le « rapide épuisement » des stocks d’équipement de protection, l’Etat va réquisitionner « tous les stocks et la production de masques de protection » pour les distribuer aux soignants et aux malades, a annoncé Emmanuel Macron, sans préciser s’il s’agissait des masques chirurgicaux, des masques à haut niveau de protection (dits FFP2) ou des deux.

Le ministre de la Santé Olivier Véran a précisé qu’il n’y avait pas de stocks d’Etat de masques FFP2, mais en revanche 145 millions de masques chirurgicaux.

Pour protéger les médecins de ville, il a annoncé que dix millions de ces masques allaient être répartis dans les pharmacies de France. En plus de « cinq millions de masques chirurgicaux » déjà distribués « dans les agences régionales de santé et auprès des établissements de santé et des Ehpad pour les personnes âgées ».

Mais des syndicats de médecins libéraux réclament eux que des masques FFP2 soient distribués d’urgence à ces soignants, estimant que les masques chirurgicaux, avant tout destinés à ce qu’un malade ne contamine pas d’autres personnes, ne suffisent pas à protéger les médecins.

Annulations

D’autre part, les rassemblements de plus de 5.000 personnes en « milieu confiné » ont été annulés ou reportés. Cela concerne de nombreux concerts, ainsi que les Salons du Livre, celui du Tourisme, et d’autres salons professionnels.

Dans l’Oise et le Morbihan, tous les cinémas (soit 44 salles) sont fermés, selon la Fédération nationale des cinémas français.

Côté sport, les matches de foot de L1 ne sont en revanche pas soumis à des restrictions particulières à ce stade, pas plus que le championnat Top 14 de rugby.

Les différences de traitement selon les événements ont parfois du mal à être comprises par le grand public.

« Nous raisonnons territoire par territoire », a justifié à l’Assemblée le ministre de la Santé, faisant la différence entre les lieux où le virus circule « beaucoup » et les autres. « Il ne faut pas paralyser le pays ni la vie sociale ».

Au Louvre, les employés ne comprennent pas pourquoi ces annulations ne s’appliquent pas au musée le plus visité du monde (9,6 millions de visiteurs l’an passé). Ils ont invoqué leur droit de retrait dimanche et lundi, le musée restant alors fermé. Le mardi est son jour de fermeture hebdomadaire, et on ne sait pas s’il rouvrira mercredi.

Certains pans de l’économie subissent déjà des effets, du tourisme au secteur manufacturier. Pour tenter de rassurer, les banquiers centraux et ministres des Finances du G7 ont promis mardi d’utiliser « tous les moyens » nécessaires, y compris des « mesures budgétaires » pour soutenir l’économie mondiale paralysée.

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