Stockholm © AFP

Coronavirus : la Suède aurait-elle dû imposer un confinement?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Contrairement à la plupart des autres pays européens, la Suède n’impose pas de confinement à sa population pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. Six semaines après le début du confinement en Belgique, comment le pays scandinave fait-il face au coronavirus ? Le point.

En Suède, les citoyens ne sont pas confinés chez eux. La vie quotidienne suit son cours habituel. Seules contraintes majeures, les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits, de même que les visites dans les maisons de retraite. Pour le reste, le gouvernement en a appelé au civisme, demandant à chacun de « prendre ses responsabilités » et de suivre les recommandations sanitaires.

Cédric Van Branteghem, ancien athlète et directeur du Mémorial Van Damme installé en Suède, partage l’impression que les Suédois prennent leurs responsabilités. « La distanciation sociale et le respect plus strict des règles font un peu partie de la culture des Suédois. Quand ils se voient en temps normal, ils ne s’embrassent pas et ne se serrent pas la main. Ils agitent simplement la main. On n’embrasse que les gens qu’on connaît très bien ».

Une population beaucoup moins dense

Il rappelle également que la population est beaucoup moins dense en Suède qu’en Belgique. « La Suède est un pays beaucoup plus grand que la Belgique, et compte 1 million d’habitants de moins », explique-t-il à la VRT.

Cédric Van Branteghem
Cédric Van Branteghem© Belga

Pourtant, comme l’indique le quotidien De Morgen, alors que dans les autres pays européens, le nombre de contaminations et de décès dus au coronavirus se stabilise, en Suède, les chiffres continuent à grimper. À ce jour, la Suède, qui compte 10,3 millions d’habitants, déplore 2.586 décès et 21.092 cas confirmés de Covid-19. Comme en Belgique, il y a beaucoup de décès dans les maisons de repos.

Le nombre de décès et de contaminations est nettement plus élevé que dans les autres pays scandinaves. Selon le tracker de l’Université John Hopkins, la Norvège compte 207 décès (pour 5,3 millions d’habitants, la Finlande 206 (pour 5,5 millions d’habitants et le Danemark 452 (pour 5,8 millions d’habitants).

Face à la pression internationale de durcir les mesures, Anders Tegnell, l’homologue suédois des virologues Marius Gilbert, Marc Van Ranst et consorts, affirme pourtant que l’approche de son pays ne diffère pas fondamentalement de celle des autres pays européens. « Le caractère unique de la politique suédoise est surestimé », déclare l’épidémiologiste Tegnell au journal scientifique Nature. « Comme beaucoup d’autres pays, la Suède veut aplatir la courbe afin de réduire autant que possible la propagation du virus, sinon le système de santé et la société s’effondreront ».

Arrogance

La semaine dernière, un groupe de 22 éminents universitaires suédois a publié une lettre ouverte pour accuser le gouvernement et les épidémiologistes d’arrogance et demander des mesures plus strictes. « En Suède, nous pensons que nous sommes meilleurs que les autres et que nous n’avons pas à écouter l’OMS, c’est stupide », a déclaré le meneur de la protestation, l’épidémiologiste Bo Lundbäck, à l’agence de presse allemande DPA.

À en croire le journal De Morgen, la majorité de la population suédoise est satisfaite de la politique moins stricte que dans d’autres pays européens. Depuis deux mois, le soutien au gouvernement ne cesse de croître dans les sondages.

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