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Catalogne: la police donne sa version des violences lors du referendum

Le Vif

Les images de violences policières lors du referendum de 2017 en Catalogne ont fait le tour du monde. Mais face à la résistance organisée, les forces de l’ordre n’ont pas eu d’autre choix, se sont défendus leurs chefs au procès des indépendantistes à Madrid.

Cités comme témoins devant la Cour suprême à Madrid, ils exposent depuis lundi, pour la première fois publiquement, leur version des violences du 1er octobre 2017 qui avaient terni l’image de l’Espagne, critiquée par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme. Ce jour-là, les séparatistes, au pouvoir en Catalogne, avaient organisé un referendum d’autodétermination, en dépit de son interdiction par la justice qui avait ordonné aux forces de l’ordre régionales et nationales d’empêcher la tenue de cette consultation.

Mais la police régionale des Mossos d’Esquadra n’a pas fermé les bureaux de vote, laissant la Police Nationale et la Garde Civile face à la résistance organisée, et parfois violente, de milliers de personnes les empêchant d’appliquer la décision de la justice, ont raconté les représentants de l’Etat à l’époque en Catalogne. « Le dispositif établi par la direction des Mossos d’Esquadra visait à faciliter le déroulement du vote et non à l’empêcher », a même affirmé mardi le colonel de la Garde civile Diego Perez de los Cobos, chargé de coordonner le dispositif policier.

Lâchés par la police régionale

A « 10 ou 11 » occasions, les Mossos ont « tenté de faire obstruction physiquement à l’action de nos propres forces », a-t-il accusé. L’Etat avait pourtant organisé des réunions avec les autorités régionales pour organiser les opérations policières. Mais « la situation était assez surréaliste », a raconté José Antonio Nieto, alors numéro deux du ministère de l’Intérieur. « Nous étions assis autour d’une table pour empêcher la tenue d’un referendum avec ceux qui l’avaient organisé ».

Le chef des Mossos Josep Lluis Trapero montrait un alignement « total » avec le gouvernement catalan de Carles Puigdemont, a poursuivi Nieto. Trapero doit lui aussi être jugé dans un volet annexe. Il est accusé de rébellion, comme neuf des 12 anciens dirigeants catalans jugés à la Cour Suprême pour leur rôle dans la tentative de sécession.

Les séparatistes maintiennent qu’ils avaient été élus pour organiser pacifiquement ce referendum même si la Constitution ne le permet pas, le parquet leur reproche d’avoir violé les décisions de justice et mobilisé des foules pour faire plier l’Etat.

« Le piège » du liquide vaisselle

Le jour du referendum, la police et la garde civile se sont retrouvés dans certains bureaux de vote face à des « murailles humaines », a dénoncé Enric Millo, alors préfet de Catalogne.

« Il y avait des masses parfaitement formées qui tentaient d’empêcher l’accès des unités (policières) en usant la force physique », a abondé Perez de los Cobos, pour qui l’usage de la force policière a été « proportionné ».

Les images de citoyens en sang et de policiers les frappant avec leurs matraques avaient alors fait le tour du monde. Mais des policiers ont aussi été touchés par les barrières ou les pavés lancés par certains militants indépendantistes, a souligné Enric Millo. D’autres, a-t-il poursuivi, sont tombés dans le « piège » du liquide vaisselle versé devant les bureaux de vote pour les faire tomber avant de leur donner « des coups de pied à la tête ». Les forces de l’ordre ont fini par se replier face au « grave risque » pesant sur la « sécurité des personnes et des agents » avant d’avoir pu « remplir à 100% le mandat de la justice », a assuré José Antonio Nieto.

Les deux camps s’opposent sur le bilan des blessés au cours de cette journée. La notion de violence est centrale dans le procès de la tentative de sécession de la Catalogne car elle sous-tend le plus grave chef d’inculpation de rébellion. Les indépendantistes affirme que la seule violence a été celle des policiers. « Quand le mensonge éhonté entre par la porte, la justice saute par la fenêtre », a ainsi dénoncé mercredi sur Twitter, Jordi Sanchez, l’un des principaux accusés.

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