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Cartographie des gouvernements minoritaires en Europe

Stagiaire Le Vif

Depuis décembre dernier, le gouvernement belge est minoritaire et en  » affaires courantes « . Malgré les crises politiques de 2007 et 2010, cela reste une situation exceptionnelle en Belgique. Il en va autrement pour le reste de l’Europe, où les coalitions minoritaires sont plus fréquentes.

Ce lundi signait la rentrée du gouvernement « en affaires courantes » de Charles Michel. La suédoise n’est plus, depuis le départ de la NVA le 8 décembre dernier. Le gouvernement se retrouve minoritaire et « en affaires courantes » depuis le 21 décembre. Ce n’est pas une première en Belgique. En 1978 déjà, le gouvernement Martens se trouvait dans la même situation délicate. Si les coalitions minoritaires font figure d’exceptions dans notre pays, elles semblent se multiplier près de chez nous. Au total, plus de dix pays européens sont dirigés par des gouvernements minoritaires.

  • Au Royaume-Uni

Theresa May est à la tête d’un gouvernement conservateur minoritaire depuis les élections anticipées de juin 2017. Son parti avait alors perdu sa majorité absolue au Parlement. Elle compte sur le soutien d’élus du DUP, le parti unioniste nord-irlandais. Soutien qui a largement freiné l’avancée du Brexit, les deux formations butant sur la question de l’union douanière avec l’Union européenne.

  • Au Portugal

Le Parti socialiste compose à lui seul le gouvernement portugais, dirigé par Antonio Costa. Il est soutenu de l’extérieur par la gauche radicale et la Coalition démocratique universitaire. Ensemble, ils disposent de 122 sièges sur les 230 du Parlement.

  • En Suède

Depuis les élections de septembre dernier, les partis en jeu ne parviennent pas à former une coalition. La montée en puissance des Démocrates de Suède (SD), parti d’extrême droite, avec 62 sièges, entrave un possible accord entre les partis. Ni le bloc de gauche ni le bloc de droite ne veulent s’allier au SD. Avec respectivement 144 et 143 sièges (sur 349), ils ne peuvent gouverner seuls.

  • En Espagne

La coalition de Pedro Sanchez (Parti socialiste ouvrier espagnol « PSOE  » et Parti des socialistes de Catalogne) ne détient que 84 sièges sur les 350 qui composent le Parlement (soit moins de 25%). Le gouvernement a le soutien des 71 députés de la gauche radicale Podemos. Il a également besoin de celui des indépendantistes catalans et basques. Un point sur lequel le pouvoir coince depuis quelques mois. Les indépendantistes catalans refusent d’approuver le budget de Pedro Sanchez depuis les réquisitions du parquet à l’égard de leur membres présumés impliqués dans la tentative d’indépendance de la Catalogne.

  • Au Danemark

Le pays est gouverné depuis juillet 2015 par un gouvernement minoritaire. D’abord composé du seul parti libéral Venstre, il est rejoint en septembre 2016 par l’Alliance libérale et les conservateurs. La coalition est soutenue par le parti populaire danois Dansk Folkeparti (21,1% des sièges). Mais les populistes menacent de se détacher des libéraux au profit des sociaux-démocrates pour les élections de 2019.

  • En Lettonie

En octobre 2018, le parti prorusse Harmonie arrive en tête des élections avec 19,8% des voix. Mais, faute de partenaires de coalition avec Harmonie, c’est au conservateur Janis Bordan, 13,6% des voix, que le président a demandé de former un gouvernement. Après deux échecs successifs (Janis Bordan et Aldis Gobzems du parti populiste KPV LV), le président a chargé Arthur Krisjanis Karins du parti Nouvelle Unité, plus petite formation du parlement, de former le gouvernement. Karins a proposé une coalition avec trois autres partis : les Nouveaux conservateurs, l’Alliance nationale de centre-droit et la Nouvelle alliance libérale Développement/FOR. Le vote de confiance est prévu courant du mois de janvier.

  • En République Tchèque

La coalition d’Andrej Barbis dispose de 93 députés sur 200. Composée de l’ANO, mouvement populaire centriste de Barbis, et du Parti social-démocrate, elle a reçu le soutien tacite des communistes de Bohème et Moravie.

  • En Croatie

La coalition entre l’Union démocratique croate et le Pont des listes indépendantes dispose de 75 députés sur 151. Le gouvernement d’Andrej Plenkovitch bénéficie néanmoins du soutien du Parti paysan croate.

  • En Irlande

Le Premier ministre Léo Varadkar dirige le premier gouvernement minoritaire de l’histoire du pays. Son parti, le Fine Gael(centre-droit) dispose d’un peu plus d’un tiers des sièges. Il a, en principe, le soutien du parti d’opposition Fianna Fail. Un soutien parfois mis à rude épreuve. Fin 2017, Fianna Fail menaçait de voter une motion de défiance contre le gouvernement suite aux conflits sur la personnalité de la vice-première ministre.

  • En Slovénie

La coalition dirigée par Marjan Sarec (Composée de cinq partis de centre-gauche) dispose de 43 sièges sur 90 au Parlement. C’est le Parti démocratique qui a remporté les élections de juin 2018 mais il n’a pas trouvé de partenaires de coalition. Le gouvernement compte sur le soutien au Parlement du parti La Gauche.

  • En Slovaquie

L’exécutif dirigé par Peter Pelligrini est minoritaire mais a recueilli 81 sièges sur 150 au Parlement. La coalition est composée du Smed-SD (Sociaux démocrates), du Most-Hid (le parti de la minorité hongroise) et d’un parti nationaliste de droite. Le précédent gouvernement avait sauté en mars 2018 avec l’assassinat du journaliste Ján Kuciak et la crise politique qui a suivi.

Les gouvernements minoritaires regroupent des partis/coalitions qui ne détiennent pas une majorité des sièges au parlement. Ils peuvent se maintenir en place notamment grâce au soutien « sans participation » de partis de l’opposition. Ils s’assurent donc d’avoir une majorité relative des voix au sein des organes législatifs.

Nina Dautrebande.

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