Boris Johnson © AFP

Brexit: quoi de neuf dans les propositions de Boris Johnson?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le Premier ministre britannique est-il finalement décidé à éviter le « no deal » ? C’est en tout cas dans ce sens qu’il a présenté à l’UE son ultime offre. Voici les grandes lignes de sa proposition.

À 28 jours de la date prévue du Brexit, le temps presse. Boris Johnson a donc présenté une proposition qu’il qualifie de « compromis raisonnable » pour éviter un Brexit sans accord (« no deal »). Le point épineux des négociations concerne la question de la frontière irlandaise. La perspective du rétablissement d’une frontière entre les deux Irlande est vue comme menaçante pour la paix en Irlande du Nord, difficilement établie en 1998 après trois décennies de violences. C’est pour cela que « BoJo » y apporte aujourd’hui ses suggestions.

Frontière irlandaise : tout sauf le backstop

Selon le Premier ministre britannique, sa proposition est le plan idéal pour résoudre ce casse-tête. Son but : rendre au Royaume-Uni le contrôle sur sa politique commerciale, contrairement au « backstop », qui prévoit à défaut d’une autre solution le maintien du pays tout entier dans une union douanière avec l’UE. Si les modalités techniques restent floues, Boris Johnson n’a pas caché qu’il faudrait être « créatif » en termes de contrôles douaniers.

Réglementation unique sur l’île d’Irlande. L’Irlande du Nord resterait dans le marché unique européen pour ce qui concerne les biens, avec la création d’une « zone de réglementation » sur l’île. Cela éliminerait tous contrôles règlementaires entre l’Irlande du Nord et l’Irlande, mais cela implique des réglementations divergentes entre la province britannique et le reste du Royaume.

Sortie de l’Union douanière européenne. L’Irlande du Nord sortira de l’Union douanière européenne après la fin de la période de transition. Elle continuera à faire partie de la même zone douanière que le Royaume-Uni.

Pas de contrôles à la frontière. La sortie de l’union douanière signifie qu’il y aura une frontière douanière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, mais le plan de Johnson ne prévoit pas de contrôles « ni à la frontière ni même près de la frontière ». Les contrôles physiques n’interviendraient que sur une « très petite proportion de mouvements » et basée sur une évaluation des risques », et pourraient avoir lieu dans les locaux des entreprises par exemple.Pour faciliter les choses, le plan prévoit d’améliorer la législation en matière de douanes (simplification des procédures, déclarations en ligne…).

Mesures d’aide pour l’Irlande du Nord. Le plan prévoit « New deal » destiné à stimuler la croissance économique et la compétitivité de l’Irlande du Nord.

Accueil froid de l’UE

Les nouvelles propositions du Royaume-Uni, présentées dans une lettre au président de la Commission européenne, ont été accueillies plutôt froidement dans le chef des Européens. Si Jean-Claude Juncker juge certaines avancées « positives », il estime également que certains points du nouveau plan sont « problématiques ». Un avis partagé par Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE, qui suggère qu’il reste « encore beaucoup de travail ». Le Parlement européen n’a pas l’air non plus très optimiste, si on en croit Guy Verhofstadt qui a déclaré ne pas voir de « garanties nécessaires » pour l’Irlande.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar estime de son côté que les propositions « ne remplissent pas entièrement les objectifs du backstop », mais a réaffirmé sa volonté de trouver un accord.

Boris Johnson a pour sa part averti qu’en cas de rejet de son plan, le Royaume-Uni sortirait de l’UE le 31 octobre « quoi qu’il arrive », assurant que le pays est « prêt » en cas d’absence d’accord. Si les négociations avec l’UE échouent, il ne demandera pas de report du Brexit. Une loi lui impose pourtant de le faire s’il ne trouve pas d’accord avant le 19 octobre. (avec AFP)

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