Michel Barnier & Donald Tusk

Brexit: Londres et Bruxelles au bord de la rupture

Le Vif

Les négociations sur le Brexit entre Londres et les Européens semblaient mardi au bord de la rupture, à un peu plus de trois semaines de la date prévue, Bruxelles accusant le Premier ministre britannique Boris Johnson de jouer avec « l’avenir de l’Europe ».

Les Européens ont donné jusqu’à la fin de la semaine au gouvernement britannique pour leur présenter un compromis acceptable et arriver à une séparation à l’amiable au 31 octobre.

Sans attendre cette échéance, les deux parties ne cachent pas leur pessimisme, semblant préparer les esprits à une sortie sans accord, voire au report voulu par le Parlement britannique. Après un entretien téléphonique mardi entre M. Johnson et Angela Merkel, une source à Downing Street a jugé un accord « pratiquement impossible ».

Selon cette source, la chancelière allemande a prévenu le chef du gouvernement conservateur qu’un accord était « extrêmement improbable » faute de nouvelles propositions de Londres prévoyant un maintien de l’Irlande du Nord britannique dans l’union douanière européenne. Ce que le Royaume-Uni refuse.

L’enjeu est d’éviter le rétablissement d’une frontière physique entre les deux Irlande et de préserver la paix sur l’île, qui a connu plusieurs décennies de violences.

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« Les efforts continuent pour trouver un accord », a tweeté le négociateur en chef de l’Union européenne Michel Barnier, après avoir rencontré le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney. Ce dernier a dit croire en la volonté de Boris Johnson de trouver une issue.

« Stupide jeu »

Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a accusé sur Twitter Boris Johnson de jouer avec « l’avenir de l’Europe et du Royaume-Uni » en se prêtant à un « stupide jeu de reproches » sur les responsabilités d’un échec des négociations.

https://twitter.com/eucopresident/status/1181519363783974912Donald Tuskhttps://twitter.com/eucopresident

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Refusant lui aussi ce « blame game », le président de la Commission Jean-Claude Juncker a estimé dans une interview aux quotidiens français les Echos et l’Opinion que « le péché originel se trouve sur les îles et non sur le continent ». « Un Brexit sans accord entraînerait un affaissement du Royaume-Uni et un net affaiblissement des ressorts de croissance sur le continent », a-t-il ajouté, estimant que « perdre un Etat-membre pour des raisons de stricte politique intérieure (…) reste une véritable tragédie ».

De difficiles négociations se sont poursuivies mardi à Bruxelles sur la base d’un projet présenté mercredi dernier par Boris Johnson pour tenter de mettre fin au casse-tête de la frontière irlandaise.

Le plan britannique a été rejeté en l’état par les Européens. Ils refusent le droit de veto que Londres souhaite accorder à l’assemblée et à l’exécutif nord-irlandais et les propositions pour les contrôles douaniers entre les deux Irlande.

Après un entretien téléphonique mardi, Boris Johnson et son homologue irlandais Leo Varadkar « espèrent se rencontrer cette semaine », selon Downing street.

Reçu par Boris Johnson en fin de journée, le président du Parlement européen, l’Italien David Sassoli, a déploré qu’il n’y ait eu « aucun progrès ». « Ces discussions atteignent un point critique. Le Royaume-Uni a fait un grand pas en avant et maintenant nous devons voir quelque chose bouger du côté de l’UE », a commenté un porte-parole britannique.

« Rien n’a bougé »

Londres avait tenté lundi d’apporter des clarifications. Mais selon une source européenne, « rien n’a bougé ». « A ce rythme-là, on voit mal comment on pourrait être prêt pour le Conseil » européen des 17 et 18 octobre, présenté comme celui de la dernière chance, a dit une autre source.

Arrivé au pouvoir fin juillet, Boris Johnson s’est engagé à sortir le Royaume-Uni de l’UE à tout prix le 31 octobre, malgré une loi le contraignant à demander un report si aucun accord n’est trouvé d’ici au 19 octobre.

Signe que l’hypothèse d’un « no deal » se renforce, le ministre irlandais des Finances Paschal Donohoe a annoncé mardi un plan de soutien massif à l’économie de son pays, s’élevant à 1,2 milliard d’euros, afin d’en atténuer l’impact.

Le gouvernement britannique a également assuré être « préparé » à un Brexit sans accord.

Mais le centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS) a dressé un tableau noir, avec un plongeon de l’activité économique et une explosion du déficit public du Royaume-Uni.

Selon une source de Downing Street citée par le magazine The Spectator, M. Johnson table sur un échec des négociations avec l’UE et fera « toutes sortes de choses » pour éviter un report. Si finalement la sortie était repoussée une troisième fois le temps d’organiser des élections, Boris Johnson ferait campagne pour un « no deal » en cas de législatives anticipées.

Le gouvernement a décidé de suspendre le Parlement à la fin des débats mardi soir, comme il est de coutume, pour pouvoir présenter son programme de politique nationale lundi prochain.

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