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Boris Johnson, le Brexit « coûte que coûte »

Le Vif

Charismatique et clivant, le Premier ministre britannique Boris Johnson a réussi mardi à progresser vers son but avec la convocation d’élections anticipées qu’il espère gagner pour pouvoir enfin mettre en oeuvre le Brexit, voté il y a plus de trois ans par les Britanniques.

Tignasse blonde savamment ébouriffée et dérapages verbaux pas toujours contrôlés, le quinquagénaire a joué un rôle moteur dans la campagne du référendum de juin 2016 qui a voté le Brexit à 52% des voix. Il s’est fixé comme objectif depuis son accession au pouvoir en juillet de le mettre en oeuvre « coûte que coûte ».

De fait, il est déjà parvenu à renégocier un accord de divorce avec Bruxelles alors que les Européens affirmaient pourtant leur refus de rouvrir le texte. « Ceux qui ne l’ont pas pris au sérieux ont eu tort », avait alors relevé le président français Emmanuel Macron mi-octobre, évoquant un personnage « parfois pittoresque » mais « avec une vraie vision stratégique ».

Puis il a réussi à en faire adopter le principe par les députés, une semi-victoire qui a toujours échappé à son prédécesseur Theresa May, dont l’accord a été rejeté trois fois au Parlement.

Reste à présent au bouillonnant dirigeant à mener une nouvelle campagne électorale, un terrain sur lequel il excelle grâce à ses talents de bateleur, pour parvenir à son but et réaliser son ambition de sauveur du Brexit.

« Roi du monde »

Alexander Boris de Pfeffel Johnson, 55 ans, veut depuis tout petit être le « roi du monde », selon les confidences de sa soeur Rachel à son biographe, Andrew Gimson.

Au fil d’une éducation élitiste, cet aîné d’une fratrie de quatre, né à New York (Etats-Unis) en 1964, n’a eu de cesse d’affirmer ses rêves de grandeur, du prestigieux Eton College jusqu’à Oxford, où il décroche le poste prestigieux de président d’un club de débat.

Il entame ensuite une carrière journalistique au Times, qui le licencie à peine un an plus tard pour avoir inventé une citation.

Le Daily Telegraph le repêche et l’envoie à Bruxelles, où il officiera de 1989 à 1994. A coup d’exagérations et parfois d’entourloupes, Boris Johnson bouscule la couverture des institutions européennes et devient « le journaliste favori » de la Dame de fer, Margaret Thatcher.

C’est également à Bruxelles que son premier mariage se délite et qu’il renoue avec une amie d’enfance, Marina Wheeler, avec qui il aura quatre enfants. Le couple se sépare en 2018 et Boris Johnson fréquente depuis Carrie Symonds, une spécialiste en communication de 24 ans sa benjamine.

Elu député en 2001, Boris Johnson ravit la mairie de Londres aux travaillistes en 2008 et acquiert alors une stature internationale.

Avec quelques réussites emblématiques, comme l’organisation des Jeux olympiques. Mais aussi des échecs, à l’instar de son projet de pont-jardin sur la Tamise, qui aura coûté des dizaines de millions de livres sans jamais voir le jour.

Boris croit en… Boris

En 2016, il choisit le camp du Brexit au dernier moment. « Je ne pense pas qu’il ait une opinion extrêmement sophistiquée sur le Brexit », confie Pascal Lamy, l’ancien patron de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui connaît la famille Johnson. « La seule chose à laquelle croit Boris Johnson, c’est Boris Johnson ».

Dans la campagne, il joue un rôle décisif en promettant un Royaume-Uni radieux, préservé d’une vague de millions d’immigrés prêts, selon lui, à submerger les côtes britanniques.

Une fois votée la sortie de l’UE, Downing Street semble lui tendre les bras, mais il est trahi par son allié Michael Gove qui se met sur les rangs avant lui, renonce. Il récolte les Affaires étrangères, Theresa May cherchant à donner des gages aux eurosceptiques.

Le costume de diplomate semble bien mal taillé pour son tempérament imprévisible. Il y reste deux ans, s’attirant la réputation de dilettante par ses gaffes, et ne se prive pas de mettre des bâtons dans les roues de Theresa May avant de lui ravir le pouvoir.

Sous des dehors bonhommes et des plaisanteries à la chaîne, il sait aussi se montrer brutal, comme en témoigne la récente exclusion d’une vingtaine de députés rebelles, parmi lesquels le petit-fils de son modèle Winston Churchill.

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