Boris Johnson a obtenu des concessions hier refusées à Theresa May. Mais suffiront-elles ? © D. ZARZYCKA/NURPHOTO/AFP

Après plus de 3 ans de saga, Londres et Bruxelles pris de lassitude quant au Brexit

Le Vif

Les concessions de l’Union européenne ne garantissent pas le succès de Boris Johnson.

Une chaîne d’information garantie  » sans Brexit  » ? Le réseau Sky en a fait le leitmotiv d’un nouveau canal lancé mi-octobre. L’initiative a pour objectif d’offrir une  » pause  » aux téléspectateurs devenus allergiques à ce sujet majeur entre tous : voilà près de trois ans et demi que les Britanniques ont voté la fin de l’appartenance de leur pays à l’Union européenne (UE). Il n’y a pas qu’outre-Manche que la lassitude gagne : 66 % des Allemands et 57 % des Français se sont dits opposés à un report de la date de sortie, indique un récent sondage de Kantar effectué dans six pays de l’Union.

Les dirigeants européens n’échappent pas non plus à ce sentiment, même si cela n’altère en rien leur volonté de défendre les intérêts de l’UE et du marché intérieur. Après avoir longtemps prétendu qu’il n’y en aurait pas d’autre, c’est la lassitude aidant qu’ils ont accepté de remettre sur le métier l’accord auparavant négocié. L’ouverture s’est faite du côté du Premier ministre irlandais, auprès de qui son homologue britannique, Boris Johnson, est venu tester de nouvelles propositions le 10 octobre. A son arrivée au Conseil européen une semaine plus tard, après des négociations aussi intenses que rapides, l’ancien maire de Londres s’est vu féliciter par les autres dirigeants européens pour le nouvel accord trouvé.

Pas de dumping scélérat…

 » Cela fait des années qu’ils sont concentrés sur le Brexit. Ils ont hâte d’en finir pour prendre à bras-le-corps tous les autres dossiers « , confirme Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert-Schuman. Bruxelles a concédé à Boris Johnson la collecte en son nom des droits de douane pour les biens entrant en Irlande du Nord à destination de l’UE, alors que Theresa May avait auparavant essuyé un refus. Londres a pour sa part accepté que sa province irlandaise reste de facto dans l’union douanière européenne, contrairement au reste du Royaume-Uni, et s’est engagé à ne jamais pratiquer un dumping scélérat. Quand le divorce sera ratifié, le plus dur restera à faire : s’entendre sur un accord de libre-échange. La tâche vient d’être confiée par la future présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, au négociateur européen de l’accord de retrait, l’inlassable Michel Barnier.

Par Clément Daniez.

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