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Est-il vraiment nécessaire de vacciner les moins de 18 ans?

Stagiaire Le Vif

Progressivement la Belgique ouvre l’accès à la vaccination aux tranches d’âges les plus jeunes. Alors le Conseil Supérieur de la Santé sur la vaccination devrait se pencher sur la question la semaine prochaine, Corinne Vandermeulen et Yves Coppieters prônent un focus sur les populations à risques plutôt que sur les jeunes.

Les variants ont changé la donne

« Au début de la pandémie, on pensait que c’était les adultes qui transmettaient le virus aux enfants et que les enfants n’étaient pas un risque pour les adultes », indique Corinne Vandermeulen, directrice du centre de vaccinologue de la KU Leuven. Mais les nouvelles formes du virus ont augmenté la circulation du virus dans les établissements scolaires, « cela met la pression sur les adolescents, les enseignants et le personnel des écoles » ajoute la vaccinologue.

Pas de précipitation

Concernant la vaccination des enfants en école primaire, Corinne Vandermeulen préconise une observation préalable. Depuis le mois de février, le nombre d’infections dans les écoles a augmenté. Mais les masques ne sont pas portés et les distances de sécurité ne sont pas obligatoires rappelle-t-elle. Elle compare la situation avec l’Israël, où la vaccination des adultes aurait entrainé une diminution de la circulation chez les enfants. « Donc si on arrive à vacciner assez d’adultes, peut-être pourrons-nous exclure la vaccination des enfants des écoles primaires. » Pour Corinne Vandermeulen, la décision de vacciner les plus jeunes va donc dépendre du taux vaccination dans la population totale.

Les jeunes non-vaccinés sont-ils un danger ?

Cependant, la vaccinologue estime que si l’ensemble de la population est vaccinée, sauf la tranche des 16/17 ans, ce groupe de jeunes pourrait potentiellement « devenir un réservoir du virus, avec des nouveaux variants ». Elle ajoute que cela pourrait diminuer le taux d’efficacité du vaccin.

La décision dépendra donc de l’évolution de la situation épidémique, du taux de vaccination des adultes et des résultats des études cliniques. Pour le moment, seul Pfizer a réalisé une étude sur les effets positifs et négatifs du vaccin sur les 12-15 ans. Une étude que l’Agence européenne du médicament n’a pas encore validée. « On risque d’avoir des directives qui vont favoriser la vaccination des plus jeunes » indique Yves Coppieters, épidémiologiste. Selon lui la priorité est la vaccination des groupes-cible. Par « groupes-cible », Yves Coppieters entend les plus de 65 ans, les plus de 45 ans qui ont des comorbidités et les moins de 45 ans qui risquent de développer des formes graves à cause de prédispositions génétiques, déficit immunitaire, etc. « La vaccination chez les jeunes n’a de sens que si elle est ciblée sur les groupes à risque » insiste l’épidémiologiste.

Il ajoute que très peu de littérature est disponible sur la vaccination sur les tranches jeunes de la population. La balance bénéfice-risques ne serait donc pas forcément positive pour les plus jeunes. Il considère tout de même que la vaccination de cette catégorie de la population aiderait à développer une forme de « protection collective ».

Reconsidérer les autres outils

Les jeunes contribuent à la circulation du virus, le taux de positivité chez des 10/19 ans étant systématiquement supérieur à celui des autres tranches d’âges. Mais l’épidémiologiste ne considère pas leur vaccination comme une solution, « le vaccin n’est pas là pour diminuer à tout prix la circulation du virus, mais pour diminuer les formes graves qui entrainent des hospitalisations ». Selon lui, pour limiter la propagation, il faut reconsidérer les autres stratégies au même niveau que la vaccination : le traitement, le testing généralisé et l’isolement des personnes positives.

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Comme Corinne Vandermeulen, il préconise d’abord d’analyser la circulation du virus une fois tous les groupes cibles vaccinés, d’utiliser de façon optimale toutes les stratégies parallèles, pour ensuite voir s’il est nécessaire de vacciner l’ensemble de la population. Les deux spécialistes s’accordent sur un focus sur les personnes à risques plutôt que sur l’ensemble de la population.

Accord des parents

En Belgique, seule la vaccination contre la polio est obligatoire. En cas de non-respect, le parent risque un rappel à l’ordre et une amende. Les autres vaccinations ne sont pas obligatoires, même celle contre le coronavirus.

Anaelle Lucina

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