Alerte spoiler : ce ne sont probablement pas les êtres humains.
Avec 100 millions d’hectares de forêts tropicales disparus, 80 % des eaux usées mondiales rejetées dans l’environnement, 87 % des zones humides perdues, 75 % du milieu terrestre et 40 % du milieu marin altérés par l’activité humaine…, sans parler du réchauffement climatique qui ajoute à ces chiffres affolants une note toujours plus salée, il n’y a rien d’étonnant à ce que notre biodiversité parte en lambeaux.
Un groupe d’experts de l’ONU peint d’ailleurs un tableau bien sombre de l’avenir de notre planète : un million d’espèces animales et végétales risquent de disparaître à brève échéance de la surface de la Terre ou du fond des océans.
Tandis que l’être humain continue à toujours plus consommer, toujours plus polluer, l’horloge climatique, elle, ne cesse de tourner, à pleine vitesse. Et lorsque les effets du réchauffement climatique auront rendu certains territoires terrestres et marins invivables, quelles seront les dernières espèces à tenir debout ? Une question à laquelle il est difficile de répondre avec précision. C’est pourtant ce qu’a tenté de faire Julie Gray, biologiste moléculaire végétale à l’Université de Sheffield.
« Je ne pense pas que ce seront les humains. Je pense que nous allons disparaître assez tôt« , explique Julie Gray en riant lorsqu’une journaliste de la BBC lui pose la fameuse question. Même si l’être humain a une incroyable capacité d’innovation et d’adaptation, il ne sera probablement pas parmi les derniers survivants. Et pour cause, les humains se reproduisent très lentement (même si l’évolution de la population mondiale semble prouver le contraire) et n’ont généralement qu’un ou deux enfants à la fois. Les organismes capables de produire rapidement de nombreux enfants ont plus de chance d’éviter l’extinction.
Il est impossible de savoir exactement comment les conséquences de l’activité humaine et les effets du réchauffement climatique se répercuteront sur la vulnérabilité des espèces dans un avenir lointain. Mais malgré les incertitudes, nous pouvons émettre des hypothèses sur des tendances générales.
Des plantes tenaces
Au vu des grandes tendances actuelles en matière de biologie végétale, on peut supposer que les plantes tolérantes à la chaleur et à la sécheresse, comme celles qui poussent dans les déserts (cactus, agave d’Amérique…), ont plus de chance de survivre que les autres.
Il en va de même pour les plantes dont les graines peuvent être dispersées sur de longues distances grâce au vent ou aux courants marins (comme les cocotiers par exemple). Par contre, les plantes qui ont besoin de l’aide d’insectes, comme les fourmis, pour déplacer leurs graines auront moins de chance de survivre.
Les plantes capables d’ajuster leur temps de floraison peuvent également être en mesure de faire face à des températures plus élevées. De quoi donner un avantage aux plantes non indigènes qui se développent dans plusieurs régions, et donc diverses météos, du monde. La polyvalence des espèces végétales envahissantes « fait craindre qu’en plus de perdre des espèces vulnérables, un monde plus chaud ne devienne un monde plus désherbé« , explique à la BBC Jessica Hellmann, qui dirige The Institute on the Environment de l’Université du Minnesota. Les mauvaises herbes que l’on trouve généralement le long des routes pourraient ainsi se montrer particulièrement résistantes par rapport à d’autres plantes.
Les animaux qui se déplacent et s’adaptent

Certains animaux ont pris l’habitude de bouger ou de changer leurs comportements en fonction de l’évolution de leur environnement.On peut par exemple songer aux cafards, dont la ténacité n’est plus un secret pour personne. Cela s’expliquerait en partie par leur capacité à s’enfouir dans le sol et se protéger dans des zones tampons (ex : zones souterraines).
Les cafards ont aussi unautreavantage de taille :loin de fairela fine bouche,ilssont capables de manger n’importe quoi. Avoir une alimentation variée signifie que même en cas de réchauffement climatique, les cafards trouveront toujours de quoi se nourrir, contrairement à d’autres espèces qui sont plus pointilleuses.Àtitre de comparaison, le koala consomme principalement des feuilles d’eucalyptus. Or, ces dernières deviennent de moins en moins nutritives en raison de l’augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère. Le réchauffement climatique augmente donc le risque de famine pour cet animal.
Les espèces capables de prospérer dans des états de changement et de transition ont plus de chance de faire face auréchauffement climatique. « Il est par exemple courant de voir des cerfs (aux États-Unis) dans les banlieues. Ces animaux parviennent àprospérer là où les forêts ont disparu ou sont régulièrement perturbées [par l’activité humaine]« ,explique Jessica Hellmann.Jamie Carr,un spécialiste sur le changement climatique,lesappelledes espèces »généralistes mobiles »,capablesde se déplacer et de s’adapter à différents environnements.
Enfin, les organismes les plus aptes à survivre en cas de chaleur extrême sont les microbes et les tardigrades, communément appelés « ours d’eau ». Comme l’indique un récent rapport (lire : Peut-être bien de la vie sur la Lune), les tardigrades peuvent aussi bien survivre dans l’espace, que dans des zones où les températures sont extrêmes. On les retrouve aujourd’hui dans la plupart des habitats sur Terre.
En résumé, les grands gagnants sont très petits, de préférence endothermes si ce sont des vertébrés, très adaptables à leur environnement, omnivores ou capables de vivre dans des conditions extrêmes.