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Pourquoi les zoos abattent-ils leurs animaux en bonne santé?

Selon l’Association européenne des zoos et des aquariums (EAZA), l’abattage d’animaux par les zoos est le prix à payer du comportement de l’homme.

L’affaire Marius a suscité un vif émoi, non seulement au Danemark, mais dans le monde entier. Les organisations de droits des animaux se sont insurgées alors que sur les médias sociaux, les internautes manifestaient leur colère et leur tristesse.

Environ 30.000 personnes ont ainsi signé une pétition contre la mise à mort du girafon de 18 mois. Le directeur et plusieurs membres du personnel du zoo danois ont même été menacés de mort. Pourtant, l’affaire Marius n’est pas un cas isolé.

Même si Marius a été la première girafe abattue, d’autres animaux ont déjà subi le même sort au zoo de Copenhague. Au printemps 2012, deux jeunes guépards à l’ADN surreprésenté ont reçu une injection létale. Pour la même raison, le zoo tue chaque année des porcs sauvages et des antilopes. Aussi, le directeur Bengt Holst ne comprend pas l’agitation causée par la mise à mort de Marius.

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La nature en crise

« La nature est en crise et nous avons l’obligation de protéger les espèces sauvages de l’être humain » explique David Williams-Mitchell de l’Association européenne des zoos et des aquariums (EAZA) à Time.com. « Les programmes d’élevage constituent l’une de ces tentatives. Cependant, nous n’avons que des moyens limités au sein du réseau EAZA pour les réaliser et nous devons établir des priorités pour les animaux qui contribuent à l’avenir des espèces ».

Si un zoo réussit à faire naître suffisamment de jeunes en bonne santé, il doit abattre certains animaux pour faire de la place aux espèces plus menacées. Comme l’espèce de girafe dont descend Marius n’est pas menacée, son sort était scellé.

Et plus l’animal est mignon, plus la fureur de l’opinion publique est grande. Ainsi, la décision du zoo d’Édimbourg d’abattre les deux potamochères Sammi et Becca a provoqué de nombreuses protestations. La même année, un tribunal allemand a jugé que le zoo Magdeburg coupable d’atteintes aux droits des animaux pour avoir abattu trois tigreaux.

Alternatives

Pourtant, les experts continuent à dire que l’euthanasie – même pour un animal en bonne santé -représente la solution la plus raisonnable. La castration et la contraception sont cruelles, car elles gênent les animaux dans leur comportement naturel. La séparation de mâles et de femelles peut également entraîner des conséquences imprévisibles. Ainsi, des rhinocéros n’étaient plus capables d’accoupler après avoir été vécu séparés de femelles pendant quelques années.

D’autres alternatives sont également problématiques, telles que la remise des animaux dans la nature. « Relâcher une girafe qui a passé sa vie en captivité équivaut à une condamnation à mort » dit Williams-Mitchell. « Il est trop cruel de transporter un animal à des milliers de kilomètres pour obtenir le même résultat que chez lui ».
Et il n’est pas toujours possible d’héberger l’animal dans un autre zoo. Les zoos de l’EAZA n’ont pas pu accueillir le girafon en raison de son patrimoine génétique. Un autre zoo n’était pas membre de l’EAZA et il n’y avait donc pas de garanties qu’il respecte suffisamment les droits des animaux. Même chose pour les individus qui se sont proposés d’héberger Marius.

Dernier recours

Même si l’euthanasie ne s’utilise qu’en dernier recours, les zoos européens l’emploient pour maintenir la biodiversité. Plusieurs zèbres, antilopes, tigres, bisons, hippopotames nains et porcs sauvages ont déjà été abattus. Généralement, ils finissent comme alimentation pour les carnivores du même Jardin zoologique.

Le zoo d’Anvers a fait savoir qu’une euthanasie comme au Danemark est impensable. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que le zoo belge ne pratique pas d’euthanasies.
Consciente de la sensibilité du sujet, l’EAZA refuse également de dévoiler les chiffres. « Nous n’avons pas honte d’euthanasier des animaux, mais nous ne voulons pas communiquer les nombres » a déclaré Williams-Mitchell.

Sur ce point, l’affaire Marius diffère de celle d’autres animaux « superflus ». Le zoo de Copenhague s’est montré très transparent en faisant autopsier l’animal en public. Si les opposants considèrent cette façon d’agir comme une preuve supplémentaire d’un manque d’empathie, le zoo estime qu’il est plus important d’opter pour la transparence.

D’après Wiliams-Michell « l’euthanasie est le prix à payer pour notre comportement. La raison pour laquelle les jardins zoologiques doivent protéger des espèces n’est due que partiellement au braconnage et au commerce illégal. Le changement climatique et le pillage de l’habitat des animaux sont également en cause. Jusqu’à ce que les gens réalisent qu’ils sont responsables de leur comportement et de leur mode de vie, les scientifiques qui doivent protéger des animaux comme Marius devront continuer à prendre de dures décisions » conclut Williams-Mitchell sur Time.com.


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