Frans Timmermans © BELGAIMAGE

Pacte vert européen: la transition sera « chère et difficile », mais l’inaction le serait davantage

Le Vif

La transition vers une économie plus verte, et vers la neutralité carbone de l’UE en 2050, sera « incroyablement complexe, difficile, lourde et chère », a reconnu lundi le commissaire européen Frans Timmermans dans un échange de vues avec des élus belges, dans le cadre du dialogue interparlementaire climat.

Cependant, a ajouté le Néerlandais, ce sera « moins cher et moins lourd que si l’on ne fait rien ». « Personne ne peut prétendre que cela ne coûtera rien et que cela se fera sans difficultés. Mais (…) je suis convaincu qu’on peut le faire de manière socialement juste ».

Le commissaire en charge du Green Deal (ou « Pacte vert ») s’est exprimé à la Chambre via vidéoconférence, défendant face à des représentants du fédéral, des Régions et communautés la vision de la Commission von der Leyen. Il est essentiel que les parlements de tous niveaux soutiennent, au plus près de la population, l’ambition d’une UE « neutre » en carbone en 2050 et la nécessité d’agir sans tarder pour accélérer la transition dans tous les domaines de l’économie, a-t-il souligné. Certains partis ont exprimé leurs inquiétudes quant aux coûts d’une telle transition, mais le calcul est vite fait, assure le Néerlandais: si l’on ne fait rien et que le réchauffement dépasse 1,5°C, « les couts deviendront astronomiques ».

Selon le commissaire européen, trois domaines ressortent du lot, « dans lesquels on doit agir très urgemment et fortement, entre autres en Belgique »: la construction/habitation, le transport et l’agriculture. « Dans ces trois secteurs, cela promet de devenir ‘piquant’, notre étude l’a montré », assure-t-il. Parallèlement, quand on analyse les coûts et bénéfices, « les coûts pour l’industrie sont élevés mais gérables ».

Le Néerlandais se base sur l’étude d’impact que l’exécutif européen a fait réaliser avant de proposer, le mois dernier, de porter à -55% (plutôt que -40% actuellement) l’objectif 2030 de réduction des gaz à effet de serre de l’UE par rapport à 1990. Il s’agirait d’une étape que l’UE se fixe, en route vers la neutralité en 2050. Face à ces chiffres, des ONG arguent qu’il faut en réalité viser -65% d’ici à 2030 pour avoir des chances de respecter les objectifs de l’accord de Paris, et le Parlement européen a quant à lui proposé la semaine dernière de mettre la barre à -60%.

-55% est un « objectif réaliste », a martelé Frans Timmermans. « On serait sur la bonne voie, et cela correspondrait à une approche proportionnelle par rapport au reste du monde ». Cela ne servirait à rien d’être de trop loin en avance, alors que l’UE est responsable de « 9% des émissions mondiales » de gaz à effet de serre, estime-t-il. « Il faut faire en sorte que le reste du monde ne décroche pas ».

Mercredi, la Commission poursuivra ses propositions pour réaliser pleinement le Green Deal: elle publiera entre autres sa « stratégie pour la rénovation », ainsi qu’une analyse de la stratégie climatique à long terme (2050) de chaque pays. Cette stratégie est complémentaire aux plans nationaux énergie-climat (PNEC), qui visaient jusqu’à 2030. La Belgique, « avec ses ports, sa position de leader global en économie circulaire et gestion de déchets », ne peut pas se permettre de rater le train de la transition, potentiel gros pourvoyeur d’emplois, a mis en garde le commissaire européen.

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