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Moins d’un quart du globe est encore sauvage

Stagiaire Le Vif

Selon une étude publiée dans la revue Nature, 77 % des terres émergées ont été modifiées par une activité humaine. Les océans ne sont pas non plus épargnés.

Il y a seulement cent ans, l’être humain n’occupait que 15 % des terres de la planète. D’après une étude conjointe de chercheurs australiens, américains et canadiens, la proportion s’est aujourd’hui presque inversée. Selon eux, 77 % des terres (Antarctique exclu, des conventions interdisant l’exploitation de ses ressources) et 87 % des océans ont subi les effets directs d’une activité humaine.

Les dernières terres vierges sont en bleu foncé, et les mers libres de toute activité humaine en bleu clair.
Les dernières terres vierges sont en bleu foncé, et les mers libres de toute activité humaine en bleu clair.© Nature.com (capture d’écran)

70 % des terres sauvages concentrées dans cinq pays

Un territoire est déclaré « vierge » s’il est exempt de toute pression humaine sur au moins 10 000 km2. Cette pression est déterminée par de multiples facteurs : environnements bâtis, terres cultivées, densité de population, lumières de nuit, routes et voies navigables, et même écoulement d’engrais dans les océans. Et ils grignotent la nature à toute vitesse : entre 1993 et 2009, une surface de 3,3 millions de kilomètres carrés (soit la taille de l’Inde) a été perdue, dévorée par l’exploitation agricole et minière. Aujourd’hui, 94 % des terres sauvages sont réparties entre une vingtaine de pays. La Russie, le Canada, l’Australie, les Etats-Unis et le Brésil en concentrent à eux seuls 70 %. Pour ce qui est des océans, les seules zones libres de toute pêche industrielle, pollution ou transport maritime sont essentiellement situées aux pôles, « les dernières régions qui contiennent encore des populations viables de grands prédateurs, tels que le thon, les marlins et les requins ».

Des zones tampons à préserver

Ces grands territoires vierges sont essentiels à la sauvegarde des espèces, constituant « des refuges pour les espèces en déclin dans des paysages à dominance humaine. » Par exemple, une étude de 2009 a montré que les récifs coralliens des Caraïbes connaissant un faible niveau de pollution ou de surpêche se renouvellent jusqu’à quatre fois plus vite que les récifs exposés. Même notre espèce profite de ces zones-tampons où elle n’a jamais mis les pieds. La forêt boréale, par exemple, constitue un véritable piège à dioxyde de carbone, quand les récifs en bonne santé offrent aux côtes une protection deux fois supérieure contre les tsunamis.

Ces vingt pays concentrent 94 % des terres et mers vierges du globe.
Ces vingt pays concentrent 94 % des terres et mers vierges du globe.© Nature.com (capture d’écran)

Les chercheurs déplorent cependant le manque de coordination entre les états quant à la protection de ces zones internationales « souvent peu ou pas définies ». Par exemple, il existe un fonds d’indemnisation pour les investisseurs qui décident d’épargner la forêt tropicale, mais pas pour les boréales. Autre problème : deux tiers des étendues sauvages marines se trouvent dans les eaux internationales, hors du contrôle immédiat des nations. Les espoirs se fondent donc sur la 14èmeConférence des Nations Unies sur la diversité biologique, qui se déroulera du 17 au 29 novembre en Egypte, et « l’établissement d’un plan de préservation global pour l’après-2020 ».

Juliette Chable

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