Les mers, le sel de la terre

Philippe Berkenbaum
Philippe Berkenbaum Journaliste

Le Vif publie un hors-série de 180 pages sur « La grande histoire des mers ».

Le supplément du Vif disponible en librairie et dans notre shop:La grande histoire des mers. Explorateurs, pirates, aventuriers, migrations, trésors, défis… L’évolution du monde racontée par les océans, hors-série du Vif/L’Express, 180 pages, mars 2020.

Que serions-nous sans l’océan ? Rien. Nous ne serions tout simplement pas. Notre Terre serait une planète morte, inerte, brûlante peut-être, déserte sans aucun doute.

Avec les deux tiers de sa surface couverte par les mers, notre petite planète bleue est la seule connue dans l’univers pour abriter de l’eau sous sa forme liquide. La seule aussi à célébrer la vie. L’une ne va pas sans l’autre. Aucun organisme vivant identifié à ce jour ne survivrait sans eau. Pas un ne serait né ni n’aurait prospéré. Son origine reste inconnue mais elle compose le bouillon de culture où se sont développés nos ancêtres bactériens il y a plus de trois milliards d’années. Et qui fournit toujours les trois quarts de l’oxygène que nous respirons. La vie est née dans l’océan mais lui survivra-t-elle ?

 » Si l’océan meurt, nous mourrons « , martelait l’écologiste Paul Watson, fondateur et président de la Sea Shepherd Conservation Society, au lendemain de la COP21 consacrée aux changements climatiques à Paris.  » L’eau est le sang de la planète et les océans ses poumons « , assène-t-il dans son dernier manifeste, Urgence ! Il faut sauver les océans (Glénat, 2020).

Un océan surexploité

Il y a urgence, car l’océan est gravement menacé.

Par le réchauffement, par la pollution chimique, par les déchets plastiques, par la surpêche et la surexploitation minière, la surpopulation côtière et la dégradation des littoraux, le tourisme effréné et le transport maritime débridé. Par l’homme et son temps géologique – l’Anthropocène – dévastateur pour l’environnement et la biodiversité. La mer est le sel de la Terre, mais nous l’assaisonnons à une sauce tellement acide qu’elle commence à tourner au vinaigre. Le bouillon de culture vire à la soupe aux microplastiques et aux espèces menacées. Alors qu’il en reste tant à découvrir dans ses profondeurs inexplorées. Certaines ont disparu avant même d’avoir été aperçues.

Un océan qui a élargi nos horizons

On lui doit beaucoup pourtant, à l’océan, comme l’illustre ce hors-série. La pluie qui irrigue nos récoltes, les courants qui modulent nos climats, les ressources qui nourrissent nos populations… Il a élargi nos horizons, assouvi nos désirs d’exploration, étanché notre soif de nouveaux territoires, nourri notre curiosité d’autres cultures. Il a brassé nos langues, nos religions, nos civilisations, forgé la mondialisation, stimulé notre évolution, aiguisé nos connaissances, bouleversé nos sciences. Il attire les chasseurs de trésors, hypnotise les chasseurs de records, anime ceux qui rêvent d’exploits, apaise ceux qui rêvent de solitude, emporte ceux qui rêvent d’un autre ailleurs, meilleur.

De grosses vagues

On lui doit beaucoup mais on le lui rend mal. La mer agit comme un miroir, nous dit l’océanographe François Sarano, compagnon de route de Cousteau. On s’en préoccupe peu parce qu’on ne voit pas ce qui se passe sous la surface. Comme la poussière qu’on cache sous le tapis. Et si, depuis quelques années, certaines grands-messes internationales lui consacrent un peu d’attention et votent quelques résolutions, les Etats, même les plus en pointe, peinent à les faire respecter. Qui peut contrôler ce qui se trame au coeur d’une telle immensité ? Qui veut punir ceux qui braconnent, ceux qui dégazent, ceux qui polluent, ceux qui rançonnent ?

Face aux menaces qui pèsent sur l’environnement terrestre, les mentalités bougent, les consciences s’éveillent, les populations demandent des comptes à leurs gouvernements. Mais si l’opinion ne se préoccupe pas très vite de l’état de santé des océans, tout ce qui sera entrepris sur terre sera tôt ou tard balayé par les vagues. De très grosses vagues.

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